Poème "les souvenirs"

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Poème "les souvenirs"

Messagepar santaclose » 01 Mars 2014, 17:36

Alors, dans ma présentation, j'ai dit que j'avais peur d'écrire, d'être lu, jugé, c'est pourquoi je propose un poème. J'évite ainsi de trop me compromettre tout en proposant quelque chose d'original qui je l'espère va vous plaire, merci.

Les souvenirs

La jeunesse à ce goût particulier du vin nouveau.
Les plis de mes souvenirs sont autant de rides
De rires, de pleurs qui me rendent moins rigide
Qui sècheront mes larmes qui coulent à flot

L’un nous dit que l’enfer c’est les autres
Mon autre à moi marche sur mes rêves
Je m’écarte d’elle, de sa bouche de ses lèvres
Dans son ombre j’espère un lit où l’on se vautre

N’ayez pas peur de vivre et priez le soleil
Il vous regarde derrière les nuages
Pose sur vous son regard sans âge
Et nous met au défi d’un jour faire pareil

Eclairez le monde que nous puissions le voir
Faites naitre ce que vous avez de plus beau
Je vous laisse avec vous-même car le vin nouveau
Ne se vide pas seul, il nous attend pour le boire
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Nel mezzo del cammin di nostra vita mi ritrovai per una selva oscura, ché la diritta via era smarrita.

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Re: Poème "les souvenirs"

Messagepar _Baarzourlalgulf » 01 Mars 2014, 17:57

Magnifique !! :wheartbeat: N’hésite pas à poster d'autre poèmes si ils sont tous aussi bien !!
Quand je pense que certains on le courage de faire des rimes... :kx_x: Grand moment de solitude...
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Re: Poème "les souvenirs"

Messagepar santaclose » 01 Mars 2014, 18:16

J'apprécie cette sollicitude.
Les rimes ne sont pas nécessaires je pense. Les petits poèmes en prose de Baudelaire sont magnifiques, l'important, c'est le sens de la phrase, savoir faire passer une émotion, un sentiment. Un seul mot peut être un poème à lui seul. Le courage c'est d'écrire, pas le style d'écriture. Bonne chance à toi. :mrgreen:

par exemple, j'ai retrouvé un poème en prose que j'avais réalisé l'année dernière.

La postérité à l’Océan

Une dernière colère à essuyer, une ultime vague à refouler. Ma dernière croisade, mon ultime traversée. J’ai pris la mer dans le seul but de fuir la terre. Elle m’avait poussée à l’exil, vers le bord du monde. J’ai sillonné toutes les eaux, observé toutes les profondeurs, mais j’en ai fini. Je retourne en arrière, je n’ai pas trouvé ce que je voulais, je n’ai trouvé ni le Graal ni Dieu. Tout ce qu’il me reste c’est la trouée de l’écume de ma nage libre entre les quarante rugissants. Je sais pertinemment que je ne le trouverai pas plus sur une montagne, dans une plaine ou sur une plage, mais peu m’importe. Car où que j’aille, où que mes yeux délavés par les trompettes marines se posent, je n’ai qu’un seul rêve : trouver ce qui me rendra vivant. Quelle ironie, j’ai passé toute ma vie à rechercher ce qui n’était pas si loin, une réponse aussi fragile qu’un mot écrit à la craie. Une réponse qui se trouve dans un feu de cheminée, dans le sourire d’un enfant, dans le battement lent et régulier des ailes d’une mouette. J’ai donné trop d’importance à ma quête, elle m’a fait oublier l’essentiel, elle m’a fait m’oublier et maintenant, je ne sais plus qui je suis, où je vais. Je suis une barque à l’abandon sur l’étal de ma mémoire, bercé par mes souvenirs. La marée est montante et j’ai la nausée. Que j’aimerai que des pirates m’abordent et plantent un drapeau noir ainsi que le fit mon angoisse sur mon crâne incliné. Je sombre, je sombre, je ne suis plus qu’une des si nombreuses réminiscences de l’océan, dont même dans la mort, il n’excuse pas ma désobéissance.
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Re: Poème "les souvenirs"

Messagepar Kittyscats » 01 Mars 2014, 19:24

Magnifique, les deux ! bravo ! Le second est puissant, je trouve.

santaclose, tu es mignon mais je vois des rimes dans ton poème en prose :mrgreen:

En tout cas, pour quelqu'un qui n'ose pas écrire, tu te débrouilles drôlement bien ;) n'hésite pas à nous faire profiter de ta prose ou de tes rimes.

@Baarzour : je confirme, la rime n'est pas nécessaire, seul le message est important. Regarde la construction des haïku. Même s'ils ont une structure qui leur est propre, il y a rarement des rimes, seul le rythme compte et le sens.
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Re: Poème "les souvenirs"

Messagepar Un passant qui passe » 02 Mars 2014, 01:48

C'est bô.
C'est imprévisible !
J'approuve !
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Re: Poème "les souvenirs"

Messagepar santaclose » 02 Mars 2014, 20:17

j'ai retrouvé un poème que j'avais écris il y a cinq ans.

De profundis clamavi ad te erebea

Elle a confit mon cœur dans l’amour et le miel
Désirant ce que je ne pouvais avoir
Mon corps hurle au moindre regard
J’ai couvert sa lumière d’or et de soleils

Son âme emprisonnée ne m’était pas promise
Que jamais elle ne sache quel fut mon amour
Le ciel est soudain tellement bas, tellement lourd
Alors seulement c’est mon corps qui se brise

Puisses-tu vivre ce que je ne vivrais pas
Et ne laisse jamais tes larmes couler.
Les miennes depuis longtemps asséchées
Ont marqué les traces de tes pas.

Tel que tu me vois, je suis pauvre et démuni
Mais je ne laisserai jamais rien paraître.
Ne pas exister ne signifie pas ne pas être
Et dans mon silence mille voix souffrent et crient
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Re: Poème "les souvenirs"

Messagepar _Baarzourlalgulf » 02 Mars 2014, 20:21

Youpi !! :kyahoo:
Vérifie encore tes fonds de tiroirs, si tu trouve encore des perles du genre !!
Sa mérite bien un sceau-cochon, moi je dis !!
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Re: Poème "les souvenirs"

Messagepar santaclose » 05 Mars 2014, 19:14

Je remets un petit poème. Celui-ci est en prose et est très inspiré du recueil de Baudelaire, toute ressemblance (mais pas copie) n'est pas fortuite.

Golgotha

Le soleil se vautre sur la place du crâne, auréolant une dernière fois le condamné de sa lumière mellifluente. Les trente deniers sonnent encore dans la main du prince de la Giudecca.
Les soldats, écrasés par leur fourniment telle une armée d’Atlas grotesques, forment un diadème d’acier autour du sacrifié.
La peur, les regards indiscrets des écoutants réunis en bas deviennent inaudibles. Même le traitre suprême sent couler des larmes de sang le long de ses joues émaciées. Dans l’Aether immuable, le Roi aux trois couronnes verse sur la terre la détresse plus qu’humaine de celui qui voit périr son enfant.
Les nuages ont cessé d’avancer, le soleil retarde sa course, les secondes se transforment en heure ; tout semble vouloir assister à la fin de la gloire de l’Homme.
Vers qui tourner une juste colère tandis que la Longinus s’enfonce dans le cœur du prophète ?
Il est trop tard, le sicaire tends déjà la corde enroulée à l’arbre de Judée.
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Re: Poème "les souvenirs"

Messagepar _Baarzourlalgulf » 05 Mars 2014, 19:18

Et bien, je trouve celui là mois fort que les autres, mais le niveau est bien là !! :mrgreen:

Que veut dire :
santaclose a écrit:mellifluente
?? (ligne 1)
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Re: Poème "les souvenirs"

Messagepar santaclose » 05 Mars 2014, 19:23

_Baarzourlalgulf a écrit:Et bien, je trouve celui là mois fort que les autres


Dommage... Mais je ferai mieux la prochaine fois.

Mellifluent est un terme néologique inventé par Guillaume Apollinaire dans son poème Clair de Lune (recueil : Alcools). Apollinaire est le roi de l'invention de mot, c'est lui qui a inventé les termes "incanter" ou "surréalisme". Son sens signifie littéralement : gorgé de miel.
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Re: Poème "les souvenirs"

Messagepar _Baarzourlalgulf » 05 Mars 2014, 19:29

Je m`en souviendrais !!
Et ce n`est pas critique valble, venant de moi, car je ne critique que en me basant sur mon resentit personnel, ou presque.
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Re: Poème "les souvenirs"

Messagepar Kittyscats » 05 Mars 2014, 21:36

J'ai bien aimé De profondis mais quelques tournures m'ont un peu déroutée, un peu comme une cassure de rythme... je ne sais pas trop comment l'expliquer.

J'aime moins Golgotha, et il m'a fallu plusieurs lectures pour en saisir certains sens ou pas d'ailleurs, je me plante peut-être complètement parce que je ne vois pas à quel texte de Baudelaire tu te réfères (c'est pas un auteur que j'ai beaucoup lu, uniquement à l'école).

Mélifluent m'a surprise ! Merci je m'endormirais moins bête ce soir ;)
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Re: Poème "les souvenirs"

Messagepar santaclose » 05 Mars 2014, 23:41

Kittyscats a écrit:je ne vois pas à quel texte de Baudelaire tu te réfères


Normal, j'avais commencé à écrire que j'allais placer un poème se référant à son œuvre et au final j'en ai pris un autre, donc pas d'erreur, c'est juste que tu es très observatrice.

Kittyscats a écrit:il m'a fallu plusieurs lectures pour en saisir certains sens ou pas d'ailleurs


Faut pas en rougir, pour ce poème j'avais fait des recherches drastiques, une explication sur ce texte me prendrait dix pages.

Kittyscats a écrit:J'ai bien aimé De profondis mais quelques tournures m'ont un peu déroutée


De même, c'est bien vu, j'ai écrit ce poème en 5 minutes montre en main. Bon, en même temps, je n'ai pas la prétention de dire que je suis le nouveau Rimbaud, il me faudra encore bien des années de pratique pour atteindre le niveau que je me suis fixé. Les échecs de rythmes sont compréhensible vu que je n'ai pas utilisé de prosodie particulière, en fin de compte, il m'est encore difficile de maîtriser le système syllabique (qu'est-ce que tu veux, j'ai pas fait S).

En tout cas merci pour les commentaires, j'en prends note et j'espère que les prochains vous plairont davantage.
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Re: Poème "les souvenirs"

Messagepar santaclose » 15 Mars 2014, 17:02

un nouveau poème que je viens d'écrire. J'ai pris compte de vos conseils et j'ai essayé de faire au mieux pour éviter les échecs de rythme, Merci de votre lecture.

Spoiler: Voir
Sonate

Il a marché sur l’eau, incapable d’y plonger
Glissant sur l’étal, reflétant les cendres et la mire
Se jouant de la morale, par ses tendres sourires
Il a délaissé le beau pour l’aimable Thésée

Trahissant ses amours et ceux qu’il haïssait
Pour une vie d’ivresse, de rires et de chants
Eloignant ses passions, ses amis, ses parents
Il oublie ce qu’il fut mais jamais ce qu’il est.

Il parle, il ment, et de tous il se joue
Dans la prison de son crâne il est enfermé
Son âme semblable à une toile d’araignée
Est telle l’abîme ou l’on se brise le cou

Alors la nuit, comme une aube de ténèbres
Vient le happer et l’emmène avec elle
A son jeune amant elle offre ses ailes
Et scelle son pacte par un baiser funèbre

Il dort et pleure sa jeunesse évanouie
A son amante il quémande son réveil
Pour qui la beauté à nulle autre pareille
Est celle qui se fige et jamais ne s’enfuie.
Modifié en dernier par santaclose le 16 Mars 2014, 00:59, modifié 2 fois.
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Re: Poème "les souvenirs"

Messagepar _Baarzourlalgulf » 15 Mars 2014, 17:05

Toujours aussi bien !! :kglinse:
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Re: Poème "les souvenirs"

Messagepar Kittyscats » 15 Mars 2014, 18:42

J'aime bien aussi :) c'est bourré de références ta petite sonate ou j'ai rêvé ?

Oh, juste un truc, je l'ai retourné dans ma tête pensant faire erreur mais tu n'aurais pas dû marquer ?
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la beauté à nulle autre pareille


Ah si, un instant, j'ai cru voir une référence yaoi dans ta quatrième strophe mais la dernière m'a poussé à relire et j'avais compris de travers, dommage :(
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Re: Poème "les souvenirs"

Messagepar santaclose » 15 Mars 2014, 23:10

Kittyscats a écrit:la beauté à nulle autre pareille


Sous entendu "la beauté qui n'a nulle autre pareille" c'est donc l'auxiliaire avoir et non le "à" préposition.

Merci pour les coms, ça fait plaisir, vraiment ! :wheartbeat:
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Re: Poème "les souvenirs"

Messagepar Kittyscats » 16 Mars 2014, 00:01

bah autant pour moi, j'aurais plutôt transformé en beauté pareille à nulle autre :kgomen1:
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Re: Poème "les souvenirs"

Messagepar santaclose » 16 Mars 2014, 00:20

Cela m'interroge comme dirait l'autre. Je me demande si ta correction n'est pas plus valable que ne l'est la mienne. A vérifier...

Edit : Vérification terminée, c'est bien le "à" préposition, dommage pour moi !
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Re: Poème "les souvenirs"

Messagepar santaclose » 16 Mai 2014, 13:50

Ce travail se trouve aussi dans le topic "Noël avant l'heure".

Un nouveau travail que j'ai réalisé. Il s'axe sur la place du poète du point de vue de Baudelaire, d'Eluard, et de Rimbaud (principalement) j'espère qu'il vous plaira. Merci.

NB : Certains termes sont complexes, n'hésitez pas à poser des questions dans les commentaires.

NB² : La connaissance des textes n'est pas vraiment nécessaire pour la compréhension du sujet, cependant, je vous exhorte à lire quelques uns des poèmes d'Eluard cités en provenance du recueil les mains libres afin de s'assurer une meilleure compréhension. Je vous enjoins aussi à lire de la poésie, elle brutalise nos sens pour notre plus grand plaisir.

NB final : Eluard est un poète surréaliste du début du 20ème siècle, Baudelaire est un symboliste (romantique noir) du milieu du 19ème siècle et Rimbaud un romantique de la fin du 19ème siècle.










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Sujet : Venant après Baudelaire qui définissait le poète comme celui qui établit des « correspondances » entre différents univers, Rimbaud écrivait que le poète doit se faire « voyant ». Si l’on considère que ces deux visions du poète aboutissent à l’idée qu’il est un « déchiffreur » du réel, comment Eluard vous semble-t-il lui aussi proposer un regard sur le monde et les hommes qui dépasse les apparences ?


Le poète doit être voyant disait Rimbaud. Le poète établit des correspondances entre les univers scandait Baudelaire. La poésie a pour vocation de révéler ce qui est invisible, indicible, implicite. Considérer le poète comme l’Unique à pouvoir déceler ses différents univers poétiques le met dans une fâcheuse posture puisque son but premier est de communiquer à autrui sa vision. Le poète est aussi celui qui sort des sentiers battus, qui va, par son talent et son originalité, faire du peu beaucoup : « vous m’avez donné de la boue et j’en ai fait de l’or » (Baudelaire, seconde préface des Fleurs du mal). La poésie du quotidien n’existe pas, dans ce que l’on nomme poésie du quotidien, il y a toujours quelque chose, une vision qui dénote une originalité. Francis Ponge le sait mieux que quiconque, en témoigne son poème « le pain » : « la surface du pain est merveilleuse ». C’est là que se trouve le vrai travail du poète, l’originalité dans le vu et le revu, le texte qui ne lasse pas malgré la pluralité. Oscar Wilde dans « le disciple » revisite le mythe de Narcisse en ces termes : Lorsque Narcisse mourut, les Ondines vinrent se baigner dans le lac. Elles se rendirent compte que celui-ci pleurait. Elles lui demandèrent quelle était la raison de ces larmes et celui-ci leur répondit : « parce que Narcisse est mort ». Alors les Ondines sautèrent à la conclusion que le lac était désolé d’un tel gâchis car Narcisse était beau. Ce qu’elles ne soupçonnaient pas, c’était que la vraie raison des larmes du lac venait non pas du fait que Narcisse était mort, seulement à chaque fois qu’il se penchait sur la surface aqueuse, le lac pouvait contempler son propre reflet dans le fond de ses yeux et ainsi, il pouvait admirer sa propre beauté. Quel est donc le rapport qu’entretien Eluard avec la notion de poète, car c’est bien de cela qu’il s’agit. Selon qu’il est voyant, surhomme, humain, sa position change drastiquement vis-à-vis de l’art poétique. Dante considérait Virgile comme « le poète roi, le trésor de Rome » (El Inferno canto 2), le poète est mystifié quelle que soit l’époque, pourtant, Eluard tranche nettement avec cette interprétation du métier en banalisant la personne du poète pour permettre une identification plus facile. En effet, il est plus facile de se comparer à Eluard en tant qu’homme qu’à Baudelaire en tant que poète.


Tout comme Denis Diderot qui, dans ses pensées sur l’interprétation de la nature disait que son observation était le premier principe de force créatrice, Baudelaire lui, en parle comme « de vivants piliers qui laissent sortir de confuses paroles ». Le travail du poète est-il alors dans l’interprétation ou bien dans la création d’une réalité propre à la dimension poétique ? Toujours selon Baudelaire, la nature est le palier basique de l’interprétation poétique ; Il compare de ce fait le poète à un albatros : « le poète est semblable au prince des nuées, qui hante la tempête et se rit de l’archer, exilé sur le sol au milieu des nuées, ses ailes de géant l’empêchent de marcher » (les Fleurs du mal, L’Albatros). Si Rimbaud dit du poète qu’il se doit d’être voyant, lucide, alors Baudelaire le place lui en tant qu’extralucide, comme un surhomme dont l’interprétation textuelle ferait force de loi dans le monde du « poiêsis ». Eluard ne met pas le poète en position de supériorité sur l’homme. Il place des messages codés qui sont libres d’interprétation, qui sont libres de droit en ce sens qu’ils reflètent des aspects très humains et quotidiens sous couvert d’un surréalisme presque contingent à l’œuvre. Dans l’idée, le symbolisme de Baudelaire fait penser au surréalisme dans ce rapprochement très intime que tous deux entretiennent avec le rêve. Cependant, la différence fondamentale vient de la force de ce rapprochement. En effet, si Eluard, en tant que surréaliste a pour horizon un équilibre entre le rêve et le quotidien, Baudelaire s’enfonce dans l’onirisme jusqu’à l’écœurement grammatical : « et de longs corbillards sans tambours ni musique défilent lentement dans mon âme, l’Espoir pleure et l’Angoisse atroce, despotique, sur mon crâne incliné plante son drapeau noir » (Spleen IV, quand le ciel bas et lourd). Les correspondances sont similaires à la doctrine du surréalisme poétique d’Apollinaire : « un mouchoir qui tombe peut être pour le poète le levier qui lui permettra de soulever tout un univers. » mais s’en détache justement par cette opposition entre le rêve et la réalité propre au surréalisme. Le poète pour Baudelaire n’est pas nécessairement un voyant qui, plus que de comprendre les univers poétiques en est le démiurge, le créateur tout puissant. Le poète peut voir toutes les dimensions interprétatives de l’art poétique pensait Baudelaire. Pourtant, ce qui ressort le plus dans les mains libres, c’est ce rapport qu’Eluard entretient avec l’humanité. On pourrait qualifier ce style de nouvel humanisme. En effet, si des écrivains comme Rabelais faisaient de l’Homme le centre de l’univers en tentant de le changer pour qu’il exploite son plein potentiel, Eluard, à la manière de Montaigne qui se peint en tant qu’homme et non en tant que « grammairien ou poète » (Les Essais, Du repentir) peint l’homme tel qu’il est sans vouloir le changer mais uniquement le comprendre. Les thèmes abordés sont d’ailleurs plus concupiscents que spirituels : Le désir, la colère, la solitude etc, qui sont proches de l’animalité de l’Homme et qui lui sont intrinsèquement liés.


La profondeur des textes d’Eluard vient justement certainement de cette animalité. Ce qui caractérise l’Homme, pour tout philosophe, c’est sa conscience du monde, sa conscience d’être, sa conscience d’exister, « cogito ergo sum » (René Descartes). Un poète qui écrit sur l’Homme doit donc selon toute logique écrire sur ce que lui apporte sa conscience. Eluard ne fait pas cela, à l’inverse de Baudelaire (notamment dans Spleen et Idéal) et préfère à la superficialité de l’ontologie un essai plus ontique. En faisant cela, il permet au lecteur de porter un regard nouveau sur ce qu’il connait déjà. Si Baudelaire cherchait des dimensions poétiques lointaines, alors Eluard a comme avantage premier de pouvoir le partager, et surtout d’ouvrir l’esprit du lecteur au monde qu’il croit connaître et que finalement, par le texte arrive enfin à découvrir. Spinoza disait : Voir le Soleil comme un disque jaune dans le ciel nous en apprend plus sur nous-mêmes que sur le Soleil lui-même. Tandis que Baudelaire tente de décrire le Soleil, Eluard permet au lecteur de se comprendre avant de tenter de comprendre le monde. Ses textes s’apparentent à la maïeutique de Socrate qui fait accoucher les esprits mais aussi au mythe de la caverne de Platon qui se veut nous faire découvrir le véritable soleil en nous détournant des ombres d’un feu piégeur. Les différences sont nettes notamment dans la description des corps. On pense bien sûr à une charogne chez Baudelaire ou bien à la Vénus Anadyomène chez Rimbaud l’un à « les jambes écartées comme une femme lubrique » et l’autre est « belle hideusement d’un ulcère à l’anus ». L’un et l’autre manifestent un profond dégoût pour les corps terrestres et se tournent vers la sublimation de l’intouchable. Eluard, tend à faire une mélodie des corps « elle forge son métier avec des métaux indolents » (J) et veut faire de la vie une symphonie des sens. Baudelaire voulait faire de la poésie une synesthésie tournée vers la pensée, Eluard fait de même avec la chair.


Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe ?
Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau.

Baudelaire, Le voyage

Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant.
Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens.

Rimbaud, lettre du voyant


Le désir d’analyse l’emporte sur les sentiments

André Breton, manifeste du surréalisme

En conclusion, Baudelaire cherche le nouveau pour affirmer une réalité connue de tous mais voilée par l’obscurantisme intellectuel de la société. Rimbaud attend de l’Homme qu’il s’immerge et se fasse engloutir par ses sens, il prône une forme d’écriture non pas automatique mais transcendantale. Par cela, il compte atteindre l’absolu de la pensée et de l’esthétique poétique. Eluard veut, par son travail commun avec Man Ray faire disparaître l’artifice de la pensée humaine, la décortiquer pour qu’elle paraisse simple, qu’elle soit comprise de tous et qu’elle s’adresse au plus grand nombre. La vérité toute nue est son but premier et pour l’atteindre, il évite de se disperser, il garde un œil sur lui-même avant de le porter sur l’horizon que les poète finissent fatalement par tous rechercher : L’art poétique absolu dénué de phrases, ne laissant que l’émotion et signant la fin de la poésie.





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