Je n'aime pas la rentrée, ce jour maudit ou je dois laisser mes parents seuls, pour la première fois depuis deux mois... Certes, les surveiller durant les susdit mois n'est pas une partie de plaisir, mais je suis au moins sûre qu'il ne font pas de bêtises.
Il faut dire que je n'ai pas une famille banale. Mon "cher papa" est traducteur, je ne sais pas trop quel genre de livre il traduit -ni dans quelle langues d'ailleurs- mais une chose est sûre : ça rapporte un max. Et Grâce à ce salaire plus que conséquent, ma mère peut se permettre de ne pas travailler, et reste donc à la maison afin de s'occuper des tâches ménagères... Du moins c'est ce que tout le monde semble croire. N'ayant jamais eu la patience et le savoir-vivre nécessaire pour travailler dans un bureau, mon paternel s'enferme du matin au soir dans notre minuscule dressing, avec pour seul compagnon le ronron du lave linge et ses deux cafetières. Il n'en sort qu'appâté par la nourriture, ou à heure fixe pour soulager sa vessie. Quand à ma mère, elle déambule en peignoir à toutes heures du jour ou de la nuit, ou reste posée dans son vieux canapé à s'enfiler des rails de poudre blanche magique, vous voyez ce que je veux dire...
Mais passons. Je suis âgée de 17 ans (bientôt 18 !!) et redouble cette année ma seconde. Pas que je sois particulièrement stupide, mais j'ai une petite tendance à sécher les cours, je ne vous le cache pas...
A peine rentrée dans ma nouvelle classe, j'ai directement sentie une atmosphère bien différente que toutes celles que j'ai pu connaitre auparavant. Je sais bien qu'arriver en retard un premier jour de cours c'est pas top, mais la réaction de Mm Dupuis est définitivement exagérée... Renvoyer aussi sèchement une élève en retard de 5 malheureuses minutes, et lui jeter un regard noir si furibond qu'il vous glace le sang, brrr... J'ai peine à croire qu'une personne si aigrie et détestable au premier coup deuil puisse être si jeune et jolie !
Je claqua la porte, et décida sur un coup de tête de rentrer directement à la maison.
Comme à son habitude, ce satané ascenseur est en panne, et c'est complétement en nage que je surgie dans notre salon. Ma mère a l'air de dormir d'un sommeil de plomb sur son canapé chéri, et j'entends mon père grommeler dans sa pièce. Tout va bien, rien n'a l'air cassé et la porte était bien fermée quand je suis rentrée. Je me pose dans la cuisine et mets deux tranches de pains à griller, puis sors la confiture et le beurre.
Étonnée que ma mère ne sorte pas de sa torpeur, réveillée par l'odeur du pain grillé, c'est à ce moment là qu'une alarme s'alluma dans ma tête... Ne JAMAIS croire que tout va bien dans cette famille. Tout était trop calme ! Affolée, je secoue ma mère de toutes mes forces, mais cette dernière continue tranquillement son somme, le souffle lent et quasi imperceptible. Au bout de quelques minutes, mon cœur se serre et je me résous à appeler les pompiers sans même prévenir mon imbécile de géniteur, ce qui de toutes manières ne servirait à rien, il ne me serrait d'aucune aide et s'en ficherait sans doute...
Plusieurs semaines passent
On ne m'a pas expliqué pourquoi, ni comment, mais elle est désormais dans le coma, et selon les médecins, il y a de fortes chances qu'elle ne se "réveille" jamais.
Dès le second jour sans ma mère, mon père est sortit de sa pièce m'annoncer qu'il s'était trouvé une nouvelle compagne, et qu'à partir de la semaine prochaine elle vient vivre chez nous. Selon lui, elle est jeune et belle (peut être même trop jeune par rapport à lui d'ailleurs, vu le portrait qu'il en brosse...).
M'enfin. J'avoue être bien peu touché par cette nouvelle. Grand bien lui en fasse. Même le coma de ma mère ne m'affecte que peu, quelque-part la savoir loin de toutes ces cochonneries qu'elle sniffait/ fumait/ s'injectait me rassure.
Au lycée, je ne peux toujours pas supporter Mm Dupuis, qui en plus d'être ma prof principale est aussi ma prof de français... De quoi me dégouter de cette belle langue. De plus ma classe est rempli d'abrutis racistes et trop sur d'eux. Pour faire bref, je sèche encore plus souvent que l’année dernière. Au moins j'ai l'excuse de ma mère, comme quoi elle n'est pas totalement inutile...