par Dôji Rinne » 01 Mars 2014, 19:46
A ce stade, l'affaire était pratiquement dans la poche, il y a toujours peu de chances que des pros refusent un travail, tant qu'il a l'air réglo. Le tueur allait donc se retirer, probablement derrière une porte cachée, dissimulée dans le plafond ou peut être derrière la statue, puis délibérer avec le responsable du groupe, qui allait décider d'accepter ou de refuser le contrat. Mais le ninja de la 2nde Compagnie ne se retira pas. Au lieu de ça, une silhouette féminine se glissa dans la pénombre, où il put apercevoir un long haori blanc.
" Hélas, Kodai-dono, articula la voix glaciale de Soi Fon, nous sommes au regret de rejeter votre requête.
- Et pour quelle raison, je vous prie ?
- Azuki ? Appella la tueuse.
- Oui, Madame ? Répondit la voix lugubre.
- Explique lui.
- Certes, Madame. Kyôraku-sama, il se trouve qu'avant que vous n'entriez dans cette pièce, j'ai pris la liberté d'activer mon shikai, O-Tento. Il a pour propriété de transformer une source lumineuse faite de Reiryôku en énergie curative. L'organisme des personnes touchées par ces rayons de reiatsu se régénère continuellement, et peu même empêcher la mort, tant que le Zanpakutô est alimenté en Reiatsu, où en l'occurence le fragment de puissance que j'ai disposé auprès de votre coussin."
Kyoraku Kodai jeta un oeil à la lanterne. Pourtant, il ne lui semblait rien trouver d'anormal.
" Un bien étrange Zanpakutô pour un membre de la 2nde Compagnie. Mais je ne vois pas quel rapport cela a avec vôtre refus ?
- Eh bien, seigneur, précédent votre arrivée en ces lieux, une requête nous a été transmise réclamant votre mise à mort.
- Si pour tuer vous commencez par guérir votre cible, dit-il en ricanant, alors peu m'importe si vous refusez ma demande.
- Notre cahier des charges, répondit-t-il d'un ton détaché, demande à ce que vous souffriez.
- Et ce contrat vous empêche-t-il de refuser ma requête ? Rétorqua le sage avec dignité.
- Je ne peux répondre, dit-il, veuillez deviner."
Deviner ? Comment aurait-il put deviner. Ce n'était pas vraiment le genre de Kyôraku Shunsui de prêter attention à son entourage politique. Et même si ça avait été le cas, Kodai avait été discret dans ses préparations. Peut être était-ce une vengeance venant d'une ancienne victime ou d'un rival du Bureau des 46 de Chuo ?
" Vous me dites de deviner, en pareilles circonstances ? Clama-t-il, crescendo. L'heure est grave, mon contrat touche à la sécurité publique, au maintien de l'ordre au sein du Seireitei... Non, de la Soul Society ! Et vous vous dites "shinigami" des Treize Armées de la Cour ?!
- A vrai dire, Kodai-dono, j'ai toujours trouvé les shinigami de vôtre espèce particulièrement ennuyeux, lui jeta Soi Fon avec un long baillement. Vous pensez tout savoir et être irremplaçable, mais ce ne sont pas les 46 de Chuo qui accomplissent le devoir du Seireitei envers la Soul Society. L'essentiel du travail est fourni sur le terrain par nos soldats. En tant que têtes pensantes, vous êtes supposés guidés nos actions, mais comment faire, alors que vous ne savez même pas comment vivent les gens autour de vous ?"
-Nous ne pouvons pas laisser le pouvoir aux mains des militaires ! Si ce ne sont pas des civils qui gèrent la chose politique, c'est la porte ouverte aux dictature et au féodalisme généralisé !
-Oui... lorsque tout va bien, les politiciens et les bureaucrates sont utiles au pays. Mais ces derniers temps, vous êtes source de problèmes. ♪ Il va falloir trancher dans le vif."
Kyôraku Kodai ne prit pas la peine de répondre. Son discours était typique des hommes (et femmes) de terrain qui ignorent l'importance et le poids du travail effectué par les politiciens et les bureacrates, dans le but de maintenir l'ordre, l'unité et les principes de la nation. Malgré les privilèges, c'était toujours une tâche fastidieuse et délicate, qui vous pèse sur la santé et s'accroche à votre esprit comme une sangsue.
"Si vous pensez pouvoir m'occire facilement, venez donc essayer."
En général, les shinigami ne servant pas au sein du Gotei Jûsantai étaient moins aguéris que leurs homologues de l'armée. Pourtant, et cela malgré ses responsabilités politiques, Kodai n'avait jamais négligé son entraînement martial. En tant que shinigami né dans l'illustre famille Kyôraku, son reiatsu était considérablement plus puissant que celui de la moyenne des shinigami. Il avait donc toujours considéré comme étant de son devoir naturel, une part intégrante de son Noblesse Oblige, de connaître intimement son Zanpakutô, et de savoir l'employer, tout comme n'importe quel Shinigami de l'armée. Bien sur, il n'aurait pas le temps d'activer son shikai. Le temps qu'il dégaine son sabre pour le faire, le Capitaine Soi Fon l'aurait déjà pourfendu. Kodai le savait, et il savait pertinement que des menaces imprévues de ce genre pouvait survenir, même dans la sécurité apparente de la salle d'assemblée des Quarante Sages et Six Juges de Chuo qui gouvernent le monde des esprits. C'est pourquoi il avait aiguisé ses capacités à l'Iainuki, les techniques de frappe-éclair depuis une position assise.
Au vu de la disposition de la salle et de sa situation topographique, le sage Kodai était vulnérable. Normalement, en dégainant son sabre, la lame produit un arc de cercle mortel, la coupe la plus rapide et évidente étant paralèle au sol, et en face de lui. En théorie, pour couper quelque chose se trouvant dans son dos ou sur un flanc, il devrait d'abord pivoter, ce qui lui ferait perdre du temps et permettrait aux ninja de le tuer. Ce qu'il y avait au-dessus de lui pouvait également présenter un risque d'attaque inatendu. Mais Kodai connaissait plusieurs techniques de coupes simultanées au dégainage, qui éliminait ce gaspillage, et cela, que sa soit en position assise normale, comme sur les rangées de bancs de l'assemblée, ou en seiza, les jambes repliées sous les cuisses, comme présentamment.
Autrement dit, sa vulnérabilité apparente était un piège qui amènerait ses ennemies à le sous-estimer, alors qu'il était aux aguets, paré à tuer. Dans cette situation de vie ou de mort, le premier à bouger allait périr. C'est là que le Capitaine Soi Fon fît un mouvement inatendu.
Un mouvement de langue et de cordes vocales.
"Azuki, combien de temps il reste ?
- Environ 12 secondes, madame.
- Le temps de quoi, Soi Fon-Taisho ? Lança-t-il avec une pointe de panique.
- Ni I Chin Su Ra !
- Qu'est-ce à dire ?
- Que je vous trouve très tendu, Kodai-dono, ça doit être la rigidité cadavérique."
Le vieil homme bredouilla quelque chose dans la confusion né de l'horrible préssentiment jaillit du plus profond de son être, mais l'étincelle dans ses yeux s'éteignit l'espace d'un instant, en même temps que la lanterne, et son corps se désagrégea. Ainsi périt Kyôraku Kodai, sans savoir comment il avait été vaincu. Le meurtre passé, Sui-Feng sentit comme une vague de flamme naître en elle, depuis ses entrailles, et l'emplir tout entier, progressivement. Plus bas encore, le plaisir que cela lui procurait fît jaillir l'humidité et la jouissance qui y était lié. Bandant ses muscles pour empêcher ses jambes de lâcher, comme à chaque fois, elle parvint à se maîtriser suffisament pour sauver la face devant des collègues et subordonnés. Notamment, dans le cas présent, les trois shinigami qui se laissèrent tomber du plancher. Azuki Chikara, celui qu'elle avait arrachée de justesse aux griffes du Capitaine Unohana, Oomi Kagemaru, la dernière recrue en date de son escadron d'assassinat, qu'elle avait fait participer à cette mission en qualité d'observateur pour compléter sa formation. Et puis sa nouvelle mascotte, Kisaragi "Stalker" Seigen, de loin son meilleur espion. Grâce aux capacités de son Zanpakutô, lui permettant de dissimuler entièrement un reiatsu, ils avaient non-seulement put réussir la mission sans être repéré, mais cet homme lui avait prouver sa valeur en lui rapportant de très précieuses photographies la semaine dernière.
"Gokurou deata, sho-kun ; bon travail, messieurs. On remballe et on file vers le point d'extraction."
Oui, le point d'extraction. De là, elle pourrait s'enfuir en shunpo jusque dans ses appartements personnels, où elle avait rangée sa collection de photographies de Shiôin Yoruichi. Y compris ses dernières acquisitions dévoilant le corps nue de la déesse à la délicate peau d'ébène, c'est là qu'enfin après cette "dure journée" elle pourrait se laisser aller et détendre ses muscles endoloris.
Sui-Feng quitta la lieu du crime, laissant les deux vétérans se charger des preuves, elle se mut comme une ombre derrière le go-shintai de Yoruichi / Kanon, puis fît couliser la porte cachée dans le mur, ouvrant sur la salle du passage secret. C'était une pièce minuscule dans laquelle se trouvait, dissimulé sous le plancher un escalier menant eu sous-sol à une salle aménagée couvrant la même superficie et exactement paralèle à l'entrepôt, à l'autre bout de la pièce, là où l'entrée de l'entrepôt se trouvait, il y avait une sortie menant à une entrée secrète du réseau d'égoût. La pièce était éclairée par la lueur tamisée des lanternes en papier de riz disposées aux quatre coins. Disposé au centre de la pièce, il y avait une table basse entourée de quelques coussins. Assis sur l'un d'eux, un homme lui tournant le dos, dos sur lequel figurait un jinbaori blanc sans kamon ni numéro de compagnie. Le Shinigami avait posé une théillère fumante sur la table, et il en buvait le contenu avec une tasse à thé en porcelaine, probablement de style Européen du 18ème siècle. La femme shinigami n'était pas une experte, naturellement elle ne s'intéressait guère qu'à son travail, mais elle savait que l'intrus en était un, lui.
"Vous savez, Capitaine, je suis très impressionné. Je veux dire, vous saviez pertinement qu'atteindre la cible sans provoquer de scandale serait presque impossible dans le tribunal ou les appartements du Chuo. Alors vous avez répandu les rumeurs comme quoi la 2nde Division était à nouveau disposée à accepter des... hum... "contrats" sans être très regardante sur le contenu. Pour le faire sortir de son trou, là où vous pourriez l'atteindre.
- Depuis quand êtes vous là, Sasakibei-Fukutaisho ? Demanda-t-elle d'un ton mi-agaçé, mi-péremptoire.
- Pas longtemps, hélas, je n'ai pas put voir à quel instant vous l'avez tué.
- C'était pendant qu'Oomaeda faisait diversion.
- Ah ! Oui... C'est pour ça qu'il a utilisé des guêpes... Oui, des guêpes, comme votre Zanpakutô, ce me semble ? C'était bien joué. Mais vôtre subordonné à consommer beaucoup d'énergie, pas vrai ? Cela a dut être éprouvant de le maintenir en vie tout ce temps.
- ...
- Vous saviez pertinement qu'il serait difficile à tuer discrètement, alors vous avez créer ce petit manège. A moins que ça ne soit pour faire durer le plaisir ?
- En réalité, malgré son discours bien-pensant, Kôdai-dono avait un fls batard, qu'il avait abandonner tout jeune.
- Oh ! Comment le savez-vous ?
- Par ce qu'il bosse pour moi... C'est Azuki Chikara.
- Je vois, dit-il en gloussant, alors comme ça vous lui avez permis de passer un peu de temps avec son père, avant de le tuer. Omigoto dja, bravo, Soifon-taicho ! Mais pourquoi lui avoir fait cela, hein ? Est-ce encore une histoire de ninja ? Apprendre à mépriser la mort et la vie, pour accomplir son devoir dans l'ombre ?
- Un assassin qui ne peut pas tuer est inutile. Il pouvait le sauver...
- Vous auriez put le tuer après qu'il ait déposé sa requête, mais vous avez choisis une voie plus tortueuse. Belle, cruelle et élégante.
- Il faut bien qu'une femme ait des hobbies.
- Exaclty, miss Soi Fon, et quel bon goût vous avez d'employer le vocable anglais pour rehausser la qualité de vos répliques.
- Que voulez-vous ? Grogna-t-elle en laissant clairement transparaître sa mauvaise humeur.
- Du thé ?"
Ignorant s'il s'agissait d'un réponse ou d'une invitation, Sui-Feng s'assit en face de lui, espérant que ça le ferait bientôt déguerpir. Bien sur, étant de plus haut rang que lui, Sui-Feng pouvait simplement l'ignorer et partir, même le laisser à ses subordonnés. Mais il était peut être porteur d'un message du Maréchal Yamamoto. Respectueuse de l'autorité du maître du Gotei 13, elle devait également être respectueuse avec son bras droit. Sasakibei Chojiro lui versa à boire dans une seconde tasse en porcelaine. Arrivant par le même endroit qu'elle, Oomi Kagemaru fît à son tour son entrée dans la pièce. Il alla se placer dans le dos de Sui-Feng, accroupi dans la posture du messager à quelque mètres derrière elle.
"Les hautes instances de la 1ère Division apprécient pleinement les efforts de coopération de vôtre officine, Soifon Taicho. Avec les compliments de Sô-Taicho-sama, dit-il en levant sa tasse, à la santé de l'une de nos plus talentueuse shinigami."
Sui-Feng but son thé d'un trait, sans prendre le temps d'en apprécier la saveur. Etait-ce à cause de son agacement ? Elle savait pourtant que si cela avait été Shihôin Yoruichi qui l'avait invité à prendre le thé, même alors qu'elle était sous-tension, elle aurait reproduit à la perfection le manège protocolaire de son hôte. Cette manière d'agiter délicatement le poignet pour faire remuer le liquide bouillant et en dégager les effluves parfumées. Cette façon tant délicate que distinguée de lever le petit doigt, qui caractérise la manière dont les gentlemen européens prennent leur thé. Ces petites gorgées, contrôlées afin de pouvoir désaltérer tout en appréciant pleinement la saveur du thé. Un noble raffinement faisant éco au lointain passé où elle n'était qu'une petite servante de l'ombre dont les yeux brillaient d'admiration pour se maîtresse, mais aussi à la pure efficacité de l'économie des gestes, l'un des crédo des arts martiaux, dont elle était devenue maîtresse. Peut être pas encore assez, au vu de son comportement, se dit-elle.
"Je suppose que c'était tout pour le protocole, Soifon-dono."
Sui-Feng se leva aussitôt.
"Dites moi, auriez-vous déjà entendu parler de James Bond, par hasard ?
- Non, dit-elle en s'immobilisant aussitôt, tous les muscles à fleur de peau. De quoi s'agit-il ?
- D'un de vos collègues, anglais - quoiqu'il soit en fait un personnage de fiction, le héros de romans à succès dans le monde matériel.
- Oh ! Et qu'est-ce que ça peut bien me faire, je vous prie... ?
- Ce Mister Bond travaille, comme vous, à sauver le monde. A la différence de vous, ses moeurses sont très... relâchées. De ce fait, dans un tel métier où l'on cottoie la mort et l'obscurité en permanence, il couche avec presque toutes les jolies femmes qu'il rencontre.
- ...
- Ce que je veux dire, c'est qu'à cause de la célébrité de James Bond, c'est devenu la mode dans le milieu. Espionnage = sexe, vous voyez ? Le monde entier est emporté par un même flot, il faut donc savoir s'adapter et suivre le courant. Je vous dis cela car je vous trouve très... tendue. Il faut prendre soin de vous. C'est aussi pour le bien de vos subordonnés et de vos proches que je dis cela...
- Je n'ai pas besoin d'aide pour me détendre, lâcha-t-elle d'un ton sec. Gardez vos conseil pour vous, Lieutenant."
Il avait dût remarquer ce qui se passait dans son corps. Peut être l'humidité avait-elle formée une tache sur les vêtements recouvrant son entre-jambe. Dès que Sui-Feng eut fait ce constat, elle lui tourna le dos, faisant mine de partir, le maudissant en silence.
"Bien sur, nous étions juste inquiet pour votre bien être, mais puisque vous pouvez gérer cela toute seule... je dirais à Yoruichi-sama de ne pas s'inquiéter pour vous."
Un frisson lui parcourue l'échine. Colère, humiliation, impatience, jalousie, désir. Au même moment, elle vit débouler Oomaeda Marechiyo, dont la graisse luisante de sueur refroidit ses passions presque instantanément. Elle pouvait s'en rendre compte, maintenant. Sasakibei s'était joué d'elle, exactement comme elle s'était joué de Kyôraku Kodai. Bien entendu, il savait que s'il avait mentionné dès le départ le nom de Yoruichi elle se serait montré plus coopérative dans ses avances, mais maintenant elle ne pouvait pas changer subitement d'avis sans perdre la face, et cela, elle savait qu'il le savait, et il savait qu'elle savait qu'il le savait.
"Ossu, Soi-Fon-Taisho, Sasakibe-Fukutaisho, je vois que vous avez réussi à trouver l'entrée secrète ! Salua-t-il d'un air virile qui lui allait très mal. Nous avons finis de nôtre côté, la damoiselle est en sûreté dans le Rukongai. Et je suppose que le vieux ne cause plus de problèmes à personne, maintenant ?
- On y va, Oomaeda.
- Et le nettoyage, Taicho ?
- Azuki s'en charge.
- Il doit être pas mal lessivé nan, après tout ce que vous lui avez fait faire aujourd'hui... Oï, attendez-moi !"
Sui-Feng s'engouffra d'un pas vif à travers la sortie pour échapper à Sasakibe, suivie de près par Marechiyo et Kagemaru qui l'encadraient comme des mafieux encadrent leur boss. Dès qu'ils se firent suffisament éloignés, Kagemaru commença enleva sa cagoule, dévoilant les traits juvéniles d'un jeune homme bien fait au sortir de l'adolescence. Peut être était-ce pour essayer de détendre l'athmosphère, un geste typiquement naïf et maladroit.
"Alors c'est lui, Sasakibe Chojiro, le Fukutaisho de la Première Division.
- Ouaip, répondit Ômaeda sur le ton de celui qui en sait long. C'est le bras droit du Maréchal Yamamoto, il préside aux réunions des Lieut's. On dirait pas comme ça, mais du coup, il a à peu près autant d'influence que les pontes des familles majeures - des pontes tel que le glorieux moi - ou les officiers supérieurs proches collaborateurs de Yamamoto-Sôtaisho.
- Vraiment, dit-il en laissant sa phrase en suspens, comme pour l'inviter à continuer.
- Mouais, c'est un peu l'Eminence Grise du Seireitei. C'est pour ça qu'on l'appelle aussi le "Lord Palmerston" de la Soul Society.
- Qui c'est ça, Parumerusuton-kyô ?
- Un homme d'état de l'époque Victorienne en Angleterre, éminence grise et Premier Ministre, précisa le gros lieutenant, non sans fierté caractéristique d'un étalage pompeux de culture G.
- Je suis agréablement surpris, lui dit l'autre en sifflant, je ne vous savais pas si cultivé.
- Evidement baaaaka, brailla Oomaeda, je suis né riche, alors j'ai eut une excellente éducation."
Tout en parlant, Oomaeda Marechiyo, homme richissime et "civilisé", produisit un paquet de chips et commença à se baffrer d'une manière si bruyante et si régulière qu'on aurait dit un nouveau genre de musique contemporaine. Oomi Kagemaru se désintéressa de lui pour repporter son attention sur Sui-Feng.
"Dites donc, Soi-Fon-Taisho, est-ce vrai ce qu'il a dit, vous êtes tendue ?
- Bah, t'inquiète pas pour la Taicho, elle est toujours comme ça après une mission ! C'est la sensibilité féminine... "
Sui-Feng s'arrêta net tandis qu'elle enfonçait ses coudes, l'un dans le plexus solaire de Kagemaru, l'autre dans le ventre de Marechiyo. Ils se plièrent sous le coup de la douleur, puis s'écrasèrent au sol, après que les poings de la femme eurent brutalement remontés pour percuter leurs visages à toute vitesse. Soulagée de les entendre "fermer leurs claques-merdes tout en se crashant" sur le sol de pierre, Sui-Feng ne prit même pas la peine de les regarder se tortiller sous le coup de la douleur : le seul fait d'entendre Oomaeda pleurnicher à cause de son paquet de chips tombé dans le canal suffisait à confirmer l'efficacité de sa décision. Avançant comme si de rien était, les deux autres pîtres ne tardèrent pas à la rattraper. A trois cent mètres de l'entrepôt, il y avait une échelle qui menait à la surface. Elle avait l'impression d'être suivie par des chiots jappant et difficiles à écarter de son passage. Le point d'évacuation. Le reste du chemin pouvait être parcourut à pied, que cela soit en marchant ou en shunpo, cela serait suffisant pour éloigner tout soupçon d'opération clandestine en rapport avec la disparition d'un haut dignitaire de la Soul Society.
"Voilà la sortie, dit Sui-Feng. Dégagez, je ne veux plus vous voir de la soirée.
- Taicho... ! Appella Kagemaru, sur le ton de celui qui veut dire quelque chose.
- Quoi ?! Grogna-t-elle sur la défensive, ne s'attendant qu'à moitié à des excuses de la part du nouveau.
- Qu'est-ce que vous allez faire de l'enfant de Kyôraku-Taicho ?"
Sui-Feng, qui avait posé un pied sur l'échelle, le retira soudain, et en baissant légèrement la tête, comme si elle était plongée dans ses pensées.
"Est-ce que nous allons... le tuer ?
- Si tuer un nourisson vous pose un problème, cette Compagnie n'est peut être pas...
- Ca ne me pose aucun problème, Taisho. Pour un shinobi, la mort n'est pas une si grande affaire. Dans ce monde ou dans l'autre, on souffre tout autant, et il y a beaucoup de vies qui ne vaillent pas la peine d'être vécu. Au moins, quand on meurt on cesse de souffrir pendant un temps. Mais j'ai du mal à croire que Yamamoto-sôtaicho-sama commandite la mort de quelqu'un qui est presque, pour ainsi dire, son petit-fils...
- Ca n'est pas le cas.
- Alors, qu'est-ce qu'il va devenir ?"
Après un moment d'hésitation, Kagemaru vit, dans la pénombre, les traits de la jeune déesse s'adoucir, légèrement. Il y avait quelque chose comme de la nostalgie dans son regard, et une profonde tristesse.
"Il sera recueilli et recevra une bonne éducation, répondit-elle.
- Vraiment ? Interrogea-t-il sur un ton dubitatif.
- Vraiment, affirma-t-elle en retrouvant sa fermeté.
- Eh bien... Moi qui vous croyais une esclavagiste sans coeur, vous êtes plutôt une bonne personne en fait. Est-ce que c'est l'instinct maternel ?
- Pauvre candide, ricanna Oomaeda.
- Bah, de toute façon, en tant que membre du Onmitsu Kidô, il faut bien que tu sois mis au courant tôt où tard. Oomaeda, montre lui.
- Quoi, pourquoi moi !
- Par ce que tu sers à rien d'habitude, rétorqua-t-elle d'un ton glacial."
« Les prêtres égyptiens m’affirmaient qu’aucun dieu n’était apparu sous la forme humaine depuis 11 340 ans. Mais ils m’enseignaient que, durant cette période, à quatre reprises, le soleil s’était levé en un point du ciel différent. »
- Hérodote