Noël avant l'heure

Cet endroit est dédié à l'art scriptural, venez écrire le fruit de votre inspiration ou lire les oeuvres.

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Noël avant l'heure

Messagepar santaclose » 15 Mars 2014, 03:18

Santaclose et la littérature, une grande histoire d'amour !





Ce sujet est défini par rapport à mes travaux d'écritures.

Ces travaux sont soumis à votre critique.

Ce Sujet est dédié à des travaux purement littéraires.

Ces travaux ne sont pas mes poèmes, il existe un autre sujet que j'ai créé pour eux.

Ces travaux représentent mes débuts, ils n'ont pas la prétention d'être publiés.

Ces travaux sont des essais stylistiques et littéraires, certains n'auront peut-être jamais de suite ou pire : de fin !

Ces travaux m'appartiennent mais ne sont pas soumis à ma loi, si l'un de mes textes intéresse quelqu'un, il peut l'utiliser pour l'un de ses propres travaux à condition de citer la source (moi) de l'idée originale.

Ces travaux vous sont dédiés lecteurs assidus, je vous aime mes petits canards.
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Re: Noël avant l'heure

Messagepar santaclose » 15 Mars 2014, 03:21

Premier travail, une scénette surréaliste qui finalement par l'avis de certains est achevée, aussi, travail terminé. Bonne lecture et accrochez-vous (j'ai mis plein de mots compliqués que je comprends pas :kxD: )

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Le conte du silence

La scène se déroule dans un bar, peu importe le lieu vers 11 heures du matin.

Le vieux : L’Homme est entravée par sa condition mortelle. Et c’est parce qu’il va mourir que l’Homme ne se pose que peu de questions sur l’ordre naturel des êtres et des choses.

Le jeune : Assurément ! D’ailleurs, cet état de fait ne nous force-t-il pas à nous poser la question suivante : nous posons-nous les bonnes questions ? Il n’y a pas de manuel pour cela.

Le vieux : C’est ce que je veux vous faire toucher du doigt. Questions bonnes ou mauvaises, cela n’a pas de sens, mais parce que notre temps sur ce monde est limité, il est acquis que les questions que nous nous posons perdent de leur valeur. Elles deviennent mauvaises car nous ne pouvons continuer à nous en poser d’autres. Tenez, la question que vous venez de vous poser est-elle réellement pertinente ? Vous avez en effet contextualisé cette question, mais elle n’est pas universelle, nous n’aurions pas à nous la poser si nous pouvions toutes nous les poser.

Le jeune : Je ne suis pas sûr de vous suivre, vous parler avec cynisme. Je vous verrai bien vivre dans un tonneau, mais Diogène serait mécontent de vous voir comme cela. La question a-t-elle plus de valeur à vos yeux que la réponse ?

Le vieux : C’est une évidence ! La question a un attrait certain qui disparait avec l’obtention de la réponse. Ne dit-on pas que le plus important est le chemin et non la destination ?

Le jeune : On dit aussi que la fin justifie les moyens.

Le vieux : Maintenant c’est vous le cynique, mais citer Machiavel ne vous fait pas avoir raison pour autant. C’est pourquoi je vous le dis, vous qui m’êtes complètement inconnu, et avec qui je converse et même controverse si brillamment, avec qui je tiens une philosophie de comptoir si probante et hérétique dans notre société, l’immortalité vaut la peine d’être vécue. Elle est la plus grande expérience d’une vie mais aussi ce qui la dénature le plus.

Le jeune : Fort bien ! Mais dites-moi, que se passerait-il si vous étiez immortel ? A quoi passeriez-vous vos journées ?

Le vieux : Eh bien, voyez-vous, j’aimerai.

Le jeune : Vous aimeriez ?

Le vieux : Je suis formel, j’aimerai.

Le jeune : mais, tout l’amour du monde ne vous paraîtrait-il pas fade après toutes ces questions que vous vous poseriez constamment ?

Le vieux : Jeune Monsieur, après s’être posé toutes les questions du monde, il n’en reste bien qu’une seule, et qu’elle pourrait-elle donc être sinon l’interaction entre les êtres ?

Le jeune : Mais vous répondez un peu chaque jour à cette question, nous ne sommes jamais totalement seuls.

Le vieux : Bien, admettons que vous soyez le dernier homme sur terre, qu’est-ce qu’il vous manquerait le plus au monde ?

Le jeune : Mon confort !

Le vieux : Pas une once d’hésitation, mais n’allez-vous pas un peu vite en besogne ?

Le jeune : Pourquoi cela ? Je pars du postulat évident que l’homme est égoïste par nature, il est donc tout aussi évident que je sois égoïste et que par conséquent je veuille me sentir bien… même seul, c’est d’ailleurs pour cela qu’à onze heure et huit minute du matin je suis en train de siroter tranquillement un cognac avec un individu suspect qui me prends de haut par ses théories fallacieuses.

Le vieux : Vous marquez un point, je l’admets. Cependant, si je parle de manière fallacieuse, vous, vous êtes un sophiste qui aime particulièrement les syllogismes.

Le jeune : Et dans cinq minutes vous allez voir passer un rhinocéros ? Dites-moi, sera-t-il d’Asie ou d’Afrique, aura-t-il une ou deux cornes ?

Le vieux : Ne tournez pas en ridicule ce pauvre Ionesco, il avait déjà assez de mal comme ça. Ce que je voulais dire, c’est que l’Homme ne peut vivre qu’en groupe. Tout le confort du monde, s’il n’est pas partagé vous paraîtra bien fade, bien plus sûrement que mes soi-disant questions qui vous ennuient tant.

Le jeune : Elles ne m’ennuient pas, bien au contraire elles me divertissent. La preuve, j’en suis à mon cinquième verre. Par votre faute, voilà que je vais dilapider tout mon solde.

Le vieux : Ce vieux verbiage versatile vire au verbeux, ne devrions-nous pas, par une anacoluthe forcée, changer de sujet avant d’en arriver aux poings ?

Le jeune : Je plussoie très cher. La bagarre n’est pas mon fort, surtout avec des grammes en trop et il n’est pas assuré que je l’emporte.

Le vieux : Oh, ne vous en faites pas, il est plus que certain que je finirai par être le grand perdant de ce débat.

Le jeune : Que voulez-vous dire ?

Le vieux : Nous y reviendrons en temps voulu, mais sachez que la réponse à la question se trouve ici même.

Le jeune : Pour trouver cette réponse, il faudrait déjà la connaître cette question. Allons donc, ne faites pas de mystère.

Le vieux : Ce que je cache, vous vous le cachez aussi, mais vous ne le savez pas, c’est là la différence fondamentale entre nous.

Le jeune : Allons bon, seriez-vous en train d’insinuer que cette banale conversation cache un secret dont je connais à la fois les tenants et les aboutissants ?

Le vieux : Non mon brave, c’est vous qui l’insinuez. D’ailleurs, n’est-il pas long ce barman ?

Le jeune : Si, d’ailleurs, cela lui prenait tant de temps que je me suis servi tout seul, mais pas d’inquiétude, je paierai.

Le vieux : Oui, un jour où l’autre.
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Re: Noël avant l'heure

Messagepar Un passant qui passe » 15 Mars 2014, 04:23

Mais mais mais... j'adore ! (et puis tous ces mots compliqués, hiiiii !)
En plus je pense aussi que les questions sont davantage intéressantes que les réponses !
Enfin un qui pense comme moi (non, pas comme ça ... sort ta main du pantalon !).
Par ce sceau-cochon, j'approuve ! :cochon:

Nota : je la trouve très bien comme ça, on peut la penser inachevée mais cette façon de finir a son charme.
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Re: Noël avant l'heure

Messagepar _Baarzourlalgulf » 15 Mars 2014, 12:34

Mais c’est bien toussa !! C’est même très bien !! C'est même très très bien !! Et pis toussa toussa ... :wheartbeat:

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Tu est fous ..
santaclose a écrit:Ces travaux m'appartiennent mais ne sont pas soumis à ma loi, si l'un de mes textes intéresse quelqu'un, il peut l'utiliser pour l'un de ses propres travaux à condition de citer la source (moi) de l'idée originale.

Quelqu’un va se faire du pognon sur ton dos là...


Et je rejoins l’avis du passant, pas besoin de suite, ça apporterait sans doute les réponses qui sont moins importante que les questions et qui enlèveraient certainement une grand partie du charme de ce tex--{blablabla discours sur 4 pages en analysant le texte blablabla}.

Bon et bien maintenant, tu n'as plus qu'a mettre d'autre "travaux d'écriture", Santa Klaus ... :niark:
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Re: Noël avant l'heure

Messagepar santaclose » 15 Mars 2014, 13:04

merci à vous deux, ça fait plaisir.

_Baarzourlalgulf a écrit:Quelqu’un va se faire du pognon sur ton dos là...


Qu'il le fasse, je ne compte pas me faire d'argent avec, si quelqu'un d'autre y voit une source lucrative de profits, qu'il ne se gêne pas.
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Re: Noël avant l'heure

Messagepar Kittyscats » 15 Mars 2014, 14:02

Ma foi, ce serait bien dommage qu'un autre profite de ton labeur, Santa, ce suborneur ne le mériterait pas car il n'en comprendrait sans doute pas toute la plénitude, à défaut d'avoir su en voir la qualité.

Je suis d'accord aussi, ton dialogue est abouti. Lui donner une suite serait comme offrir une réponse à la question du lecteur alors que tout le débat tourne justement sur le fait que la question prime sur la réponse.

Bref, j'adore, j'adhère, ne touche à rien et reviens nous voir avec un autre texte :wheartbeat:
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Re: Noël avant l'heure

Messagepar santaclose » 28 Mars 2014, 18:28

Voili voilou ! Il se trouve que l'année dernière, j'ai passé mon bac français. Le sujet de l'écriture d'invention était : Les histoires brisées de Paul Valery sur Robinson Crusoé. la consigne était : Réécrivez de manière narrative à la première personne du singulier les huit premiers vers du texte.

Le texte de Paul Valery

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Robinson.
Solitude.
Création du loisir. Conservation.
Temps vide. Ornement.
Danger de perdre tête, de perdre tout langage.
Lutte. Tragédie. Mémoire. Prière de Robinson.
Imagine des foules, des théâtres, des rues.
Tentation. Soif du pont de Londres.


Voici mon travail. je ne divulgue pas la note que j'ai eu pour le moment afin de ne pas influencer ceux qui voudraient émettre une critique. je pense cependant, qu'il serait intéressant pour ceux qui s'apprêtent à passer leur bac français de voir un exemple de travail. Bonne lecture à tous, même à ceux qui ne passent pas leur bac, ne l'ont pas passé ou ne le passeront pas ^^.

Mon texte

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Mon nom me hurlait dans les tympans comme la cloche d'alarme de la Virginie. Il hurlait en moi, cela dura des jours entiers. N'y tenant plus, je lui répondis avec toute la force dont mon maigre corps était encore capable : "JE SUIS ROBINSON !".
J'hurlais cette phrase à tout va, de sorte que le ciel, la terre, les arbres jusque dans leurs racines le sachent.
Mon nom me répondit d'une voix étrangement douce : "Non, tu n'es pas Robinson".
Mes larmes coulaient sur mes joues comme autant de témoignages salés de cette inacceptable vérité. je continuais pourtant à hurler mon mensonge, encore, toujours, que mes os se calcifient, que mon sang s'assèche et qu'enfin ma solitude meure. Si seul. Pauvre robinson. Même le rire t'a abandonné, même ce trépignement qui précède la démence, oui, même lui ne veut plus de toi. Je dois m'occuper avant d'oublier de m'occuper, graver dans un arbre que je suis devenu fou pour ne pas oublier que je suis devenu fou, jongler avec des bouts de bois, chasser, mordre l'humus d'un arbre, le recracher, je dois m'occuper pour ne pas mourir, m'occuper pour ne pas être déjà mort. je dois le faire, prouver à ma solitude que la survie vaut la peine d'être survécue.
Certaines de mes connaissances auraient pu me dire qu'il me faut me conserver pour vivre, malheureusement, j'ai oublié depuis longtemps que j'ai connu d'autres personnes, d'autres autres.
Il me faut m'asseoir, me terrer au fond de ma grotte, regarder les minces raies de lumières qui percent jusqu'à moi comme autant de perfides regards qui m'humilient, me jugent et me condamnent. je vais attendre ici quelques siècles, ne rien faire, y mourir peut-être. Je regarde dans un miroir sauvé des décombres de l'épave, je ne me reconnais pas, le miroir non plus. J'essaye de dire mon nom, encore, mais ne sort de ma bouche qu'un affreux gargarisme, presque un grognement. J'aimerais me dire que cela n'a pas d'importance, mais je ne parviens pas à formuler cette pensée dans la cave qui me sert de crâne. je me donne quelques gifles pour me concentrer mais je ne fais qu'anéantir mes dernières forces. Je me bats, frappe ma tête, me prends les pieds dans ma barbe séculaire, roule au dehors. La forêt se vide de ses occupants. En me voyant, même les fauves ont peur. Je rentre de nouveau dans ma grotte et fais tomber le miroir, il se brise comme un éclat de rire. Je ne savais pas qui j'étais, je ne verrai pas qui je serai...
la mémoire me revient, et ce pour mon plus grand malheur, être inconscient de son inexistence est parfois préférable. N'y a t-il eu aucune main secourable depuis ces dix éternités passées ici ? Dieu merci, je suis un fervent agnostique, je ne crois pas à tous ces galimatias de charlatan, et pourtant, me voici à prier les anciens dieux, les nouveaux ainsi que ceux à venir. le rire me revient avec mes souvenirs, je vois les rues du grand Londres, je sens la chaleur des rôtisseries, l'odeur du pain et de la viande, la caresse de la bruine matinale, tout ce que j'ai oublié, refoulé, jusqu'à mon propre nom...
Que me siérait l'impolitesse de la foule, leurs insultes, leurs sobriquets, les rapines et les filles de joie, si seulement j'avais le choix.
Mais par dessus tout, je vomis cette nature luxuriante, je vomis ces animaux exotiques et cette faune aliénée, je vomis l'air salin de l'océan, le pépiement incessant des oiseaux bariolés. Ces papegeais qui me singent et ces singes qui me pillent, je les vomis plus que tout sur terre.
Ce que je voudrais, c'est voir le pont, mon petit pont, le petit pont de Londres qui me parait si minuscule à présent, si austère et strict, si régulier, artificiel. Que l'artifice me manque, perdu au bord de nulle part.


Merci d'avoir tout lu, n'hésitez pas à lâcher des commentaires.
Modifié en dernier par santaclose le 28 Mars 2014, 18:40, modifié 2 fois.
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Re: Noël avant l'heure

Messagepar _Baarzourlalgulf » 28 Mars 2014, 18:33

Je plussoie ce texte !! (même s'il m'a fallut du temps pour comprendre lequel était de toi... :kx_x: )
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Re: Noël avant l'heure

Messagepar Un passant qui passe » 28 Mars 2014, 19:31

santaclose a écrit:Merci d'avoir tout lu, n'hésitez pas à lâcher des commentaires.

J'ai pas encore lu que déjà ce "lâche des commentaires" va te coûter cher^^
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Re: Noël avant l'heure

Messagepar santaclose » 28 Mars 2014, 19:45

J'ai fait un effort pour pas abréger le "commentaires" en "coms" :kxD:
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Re: Noël avant l'heure

Messagepar Kittyscats » 03 Avr 2014, 20:43

Bel exercice de style : ) Subjectivement, j'approuve totalement !

Pour ce qui est des consignes, j'aurais plus appliqué la chronologie de Paul Valéry pour cette narration. Mais ce n'est pas explicite.
Par contre, je n'ai pas trouvé la totalité des thèmes ou j'ai mal lu car tu n'as pas respecté son ordre ?
Sauf erreur, je n'ai pas su cerner la partie "Conversation" mais il s'agissait peut-être de ton monologue de départ...
Ni Création du Loisir, car "s'occuper pour ne pas oublier de s'occuper" n'est pas un loisir dans ma définition du terme. Ce qui suit colle parfaitement à Danger de perdre la tête par contre.
Le départ est tellement touffu que je suis un peu restée sur mon quant à soi pour les derniers strophes....

Enfin, j'aime ton texte et je ne suis pas examinateur donc c'est tout bon ;)
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Re: Noël avant l'heure

Messagepar santaclose » 04 Avr 2014, 07:43

Kittyscats a écrit:"Conversation"


C'est "conservation"

Kittyscats a écrit:Ni Création du Loisir, car "s'occuper pour ne pas oublier de s'occuper" n'est pas un loisir dans ma définition du terme.


Ce n'est pas faux, j'ai vu "création du loisir" comme un moyen d'échapper à la routine de l'île.

Kittyscats a écrit:Le départ est tellement touffu que je suis un peu restée sur mon quant à soi pour les derniers strophes....


Quel dommage, j'étais vraiment très fier du : "ces papegeais qui me singent et ces singes qui me pillent", un mélange entre chiasme et anaphore. Mais bon, si tu préfères le début...

Kittyscats a écrit:Enfin, j'aime ton texte et je ne suis pas examinateur donc c'est tout bon


Enfaite, c'est une excellente idée, n'hésitez pas à noter pour voir quel est votre niveau d'exigence par rapport à un professeur correcteur du bac.


Merci d'avoir donné ton avis Kitty.
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Re: Noël avant l'heure

Messagepar Kittyscats » 04 Avr 2014, 23:00

santaclose a écrit:
Kittyscats a écrit:"Conversation"
C'est "conservation"

Autant pour moi :kgomen1: et pourtant j'avais relu plusieurs fois, comme quoi parfois le cerveau vous joue des tours pendables :mrgreen:
Vu comme ça, tu l'as bien narrée mais c'est tellement subtil qu'il m'a fallu relire encore une fois ;)

Je ne dis pas que la fin ne me plaît pas, juste qu'avec le rythme du début, je m'attendais à quelque chose d'aussi voire plus rythmé ;)
Et comme j'ai toujours détesté les notes, je vais m'abstenir pour le coup 8)
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Re: Noël avant l'heure

Messagepar santaclose » 15 Mai 2014, 22:14

Un nouveau travail que j'ai réalisé. Il s'axe sur la place du poète du point de vue de Baudelaire, d'Eluard, et de Rimbaud (principalement) j'espère qu'il vous plaira. Merci.

NB : Certains termes sont complexes, n'hésitez pas à poser des questions dans les commentaires.

NB² : La connaissance des textes n'est pas vraiment nécessaire pour la compréhension du sujet, cependant, je vous exhorte à lire quelques uns des poèmes d'Eluard cités en provenance du recueil les mains libres afin de s'assurer une meilleure compréhension. Je vous enjoins aussi à lire de la poésie, elle brutalise nos sens pour notre plus grand plaisir.

NB final : Eluard est un poète surréaliste du début du 20ème siècle, Baudelaire est un symboliste (romantique noir) du milieu du 19ème siècle et Rimbaud un romantique de la fin du 19ème siècle.






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Sujet : Venant après Baudelaire qui définissait le poète comme celui qui établit des « correspondances » entre différents univers, Rimbaud écrivait que le poète doit se faire « voyant ». Si l’on considère que ces deux visions du poète aboutissent à l’idée qu’il est un « déchiffreur » du réel, comment Eluard vous semble-t-il lui aussi proposer un regard sur le monde et les hommes qui dépasse les apparences ?


Le poète doit être voyant disait Rimbaud. Le poète établit des correspondances entre les univers scandait Baudelaire. La poésie a pour vocation de révéler ce qui est invisible, indicible, implicite. Considérer le poète comme l’Unique à pouvoir déceler ses différents univers poétiques le met dans une fâcheuse posture puisque son but premier est de communiquer à autrui sa vision. Le poète est aussi celui qui sort des sentiers battus, qui va, par son talent et son originalité, faire du peu beaucoup : « vous m’avez donné de la boue et j’en ai fait de l’or » (Baudelaire, seconde préface des Fleurs du mal). La poésie du quotidien n’existe pas, dans ce que l’on nomme poésie du quotidien, il y a toujours quelque chose, une vision qui dénote une originalité. Francis Ponge le sait mieux que quiconque, en témoigne son poème « le pain » : « la surface du pain est merveilleuse ». C’est là que se trouve le vrai travail du poète, l’originalité dans le vu et le revu, le texte qui ne lasse pas malgré la pluralité. Oscar Wilde dans « le disciple » revisite le mythe de Narcisse en ces termes : Lorsque Narcisse mourut, les Ondines vinrent se baigner dans le lac. Elles se rendirent compte que celui-ci pleurait. Elles lui demandèrent quelle était la raison de ces larmes et celui-ci leur répondit : « parce que Narcisse est mort ». Alors les Ondines sautèrent à la conclusion que le lac était désolé d’un tel gâchis car Narcisse était beau. Ce qu’elles ne soupçonnaient pas, c’était que la vraie raison des larmes du lac venait non pas du fait que Narcisse était mort, seulement à chaque fois qu’il se penchait sur la surface aqueuse, le lac pouvait contempler son propre reflet dans le fond de ses yeux et ainsi, il pouvait admirer sa propre beauté. Quel est donc le rapport qu’entretien Eluard avec la notion de poète, car c’est bien de cela qu’il s’agit. Selon qu’il est voyant, surhomme, humain, sa position change drastiquement vis-à-vis de l’art poétique. Dante considérait Virgile comme « le poète roi, le trésor de Rome » (El Inferno canto 2), le poète est mystifié quelle que soit l’époque, pourtant, Eluard tranche nettement avec cette interprétation du métier en banalisant la personne du poète pour permettre une identification plus facile. En effet, il est plus facile de se comparer à Eluard en tant qu’homme qu’à Baudelaire en tant que poète.


Tout comme Denis Diderot qui, dans ses pensées sur l’interprétation de la nature disait que son observation était le premier principe de force créatrice, Baudelaire lui, en parle comme « de vivants piliers qui laissent sortir de confuses paroles ». Le travail du poète est-il alors dans l’interprétation ou bien dans la création d’une réalité propre à la dimension poétique ? Toujours selon Baudelaire, la nature est le palier basique de l’interprétation poétique ; Il compare de ce fait le poète à un albatros : « le poète est semblable au prince des nuées, qui hante la tempête et se rit de l’archer, exilé sur le sol au milieu des nuées, ses ailes de géant l’empêchent de marcher » (les Fleurs du mal, L’Albatros). Si Rimbaud dit du poète qu’il se doit d’être voyant, lucide, alors Baudelaire le place lui en tant qu’extralucide, comme un surhomme dont l’interprétation textuelle ferait force de loi dans le monde du « poiêsis ». Eluard ne met pas le poète en position de supériorité sur l’homme. Il place des messages codés qui sont libres d’interprétation, qui sont libres de droit en ce sens qu’ils reflètent des aspects très humains et quotidiens sous couvert d’un surréalisme presque contingent à l’œuvre. Dans l’idée, le symbolisme de Baudelaire fait penser au surréalisme dans ce rapprochement très intime que tous deux entretiennent avec le rêve. Cependant, la différence fondamentale vient de la force de ce rapprochement. En effet, si Eluard, en tant que surréaliste a pour horizon un équilibre entre le rêve et le quotidien, Baudelaire s’enfonce dans l’onirisme jusqu’à l’écœurement grammatical : « et de longs corbillards sans tambours ni musique défilent lentement dans mon âme, l’Espoir pleure et l’Angoisse atroce, despotique, sur mon crâne incliné plante son drapeau noir » (Spleen IV, quand le ciel bas et lourd). Les correspondances sont similaires à la doctrine du surréalisme poétique d’Apollinaire : « un mouchoir qui tombe peut être pour le poète le levier qui lui permettra de soulever tout un univers. » mais s’en détache justement par cette opposition entre le rêve et la réalité propre au surréalisme. Le poète pour Baudelaire n’est pas nécessairement un voyant qui, plus que de comprendre les univers poétiques en est le démiurge, le créateur tout puissant. Le poète peut voir toutes les dimensions interprétatives de l’art poétique pensait Baudelaire. Pourtant, ce qui ressort le plus dans les mains libres, c’est ce rapport qu’Eluard entretient avec l’humanité. On pourrait qualifier ce style de nouvel humanisme. En effet, si des écrivains comme Rabelais faisaient de l’Homme le centre de l’univers en tentant de le changer pour qu’il exploite son plein potentiel, Eluard, à la manière de Montaigne qui se peint en tant qu’homme et non en tant que « grammairien ou poète » (Les Essais, Du repentir) peint l’homme tel qu’il est sans vouloir le changer mais uniquement le comprendre. Les thèmes abordés sont d’ailleurs plus concupiscents que spirituels : Le désir, la colère, la solitude etc, qui sont proches de l’animalité de l’Homme et qui lui sont intrinsèquement liés.


La profondeur des textes d’Eluard vient justement certainement de cette animalité. Ce qui caractérise l’Homme, pour tout philosophe, c’est sa conscience du monde, sa conscience d’être, sa conscience d’exister, « cogito ergo sum » (René Descartes). Un poète qui écrit sur l’Homme doit donc selon toute logique écrire sur ce que lui apporte sa conscience. Eluard ne fait pas cela, à l’inverse de Baudelaire (notamment dans Spleen et Idéal) et préfère à la superficialité de l’ontologie un essai plus ontique. En faisant cela, il permet au lecteur de porter un regard nouveau sur ce qu’il connait déjà. Si Baudelaire cherchait des dimensions poétiques lointaines, alors Eluard a comme avantage premier de pouvoir le partager, et surtout d’ouvrir l’esprit du lecteur au monde qu’il croit connaître et que finalement, par le texte arrive enfin à découvrir. Spinoza disait : Voir le Soleil comme un disque jaune dans le ciel nous en apprend plus sur nous-mêmes que sur le Soleil lui-même. Tandis que Baudelaire tente de décrire le Soleil, Eluard permet au lecteur de se comprendre avant de tenter de comprendre le monde. Ses textes s’apparentent à la maïeutique de Socrate qui fait accoucher les esprits mais aussi au mythe de la caverne de Platon qui se veut nous faire découvrir le véritable soleil en nous détournant des ombres d’un feu piégeur. Les différences sont nettes notamment dans la description des corps. On pense bien sûr à une charogne chez Baudelaire ou bien à la Vénus Anadyomène chez Rimbaud l’un à « les jambes écartées comme une femme lubrique » et l’autre est « belle hideusement d’un ulcère à l’anus ». L’un et l’autre manifestent un profond dégoût pour les corps terrestres et se tournent vers la sublimation de l’intouchable. Eluard, tend à faire une mélodie des corps « elle forge son métier avec des métaux indolents » (J) et veut faire de la vie une symphonie des sens. Baudelaire voulait faire de la poésie une synesthésie tournée vers la pensée, Eluard fait de même avec la chair.


Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe ?
Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau.

Baudelaire, Le voyage

Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant.
Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens.

Rimbaud, lettre du voyant


Le désir d’analyse l’emporte sur les sentiments

André Breton, manifeste du surréalisme

En conclusion, Baudelaire cherche le nouveau pour affirmer une réalité connue de tous mais voilée par l’obscurantisme intellectuel de la société. Rimbaud attend de l’Homme qu’il s’immerge et se fasse engloutir par ses sens, il prône une forme d’écriture non pas automatique mais transcendantale. Par cela, il compte atteindre l’absolu de la pensée et de l’esthétique poétique. Eluard veut, par son travail commun avec Man Ray faire disparaître l’artifice de la pensée humaine, la décortiquer pour qu’elle paraisse simple, qu’elle soit comprise de tous et qu’elle s’adresse au plus grand nombre. La vérité toute nue est son but premier et pour l’atteindre, il évite de se disperser, il garde un œil sur lui-même avant de le porter sur l’horizon que les poète finissent fatalement par tous rechercher : L’art poétique absolu dénué de phrases, ne laissant que l’émotion et signant la fin de la poésie.





Voilà, merci d'avoir lu.
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Nel mezzo del cammin di nostra vita mi ritrovai per una selva oscura, ché la diritta via era smarrita.

Divina commedia, incipit
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un grand merci à Sachi pour la signature
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