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J'ai acheté un livre intitulé L'éléphant s'évapore de Haruki Murakami.
Alors de quoi ça parle.
Ce livre est un recueil de 17 nouvelles les unes toutes aussi étranges ou drôle que les autres.
D'un braquage de boulangerie, en passant par un éléphant disparaissant d'un zoo du jour au lendemain, en s'arrêtant l'espace d'une journée sur l'histoire d'un chat et d'une étrange jeune fille, j'avoue avoir était conquis par cette simplicité lié à un auteur qui nous entraines dans sa fantaisie quotidienne.
Avec, comme à chaque fois, un entrelacement entre le réel et l'imaginaire, le rêve et la réalité, l'allégorie et le terre à terre. Le tout avec une qualité narrative peu commune et un style très fluide !
Bref c'est avec un grand intérêt que je vous conseille ce livre. même si vous n'avez pas l'habitude de lire, je vous assure que ça vaut son pesant d'or. Cela vous divertiras et vous fera rêver, parfois même vous interroger sur ces nouvelles sorties tout droit d'un autre temps.
Voici un petit résumé du livre:
Une curieuse digression sur les kangourous. Un éléphant qui se volatilise. Haruki Murakami nous entraîne dans son imaginaire délicieusement drôle, poétique et bizarre, au fil d'un Japon nostalgique et moderne à la fois. La redécouverte de l'écrivain des débuts, et la quintessence de son art inégalé des situations d'apparence anodine qui basculent dans l'absurde.
Par une journée d'été étouffante, un avocat au chômage part à la recherche de son chat. Dans un jardin abandonné derrière sa maison, il fait la connaissance d'une étrange adolescente.
Un couple pris d'une fringale nocturne décide d'attaquer une boulangerie pour réaliser un fantasme de jeunesse du mari : commettre un hold-up.
Un homme devient obsédé par un fait divers intriguant : l'éléphant, dernier vestige du zoo de sa petite ville, a mystérieusement disparu...
Le temps de quelques histoires placées sous le signe de Raymond Chandler, une plongée éblouissante dans l'univers murakamien à l'humour délicatement loufoque.
Né en 1949 à Kyoto et élevé à Kobe, Haruki Murakami a étudié le théâtre et le cinéma à l'université Waseda avant d'ouvrir un club de jazz à Tokyo en 1974. Son premier roman, Écoute le chant du vent (1979), un titre emprunté à Truman Capote, lui vaudra le prix Gunzo et un succès immédiat. Suivront La Course au mouton sauvage (Seuil, 1990 ; Points, 2002, rééd. 2007) La Fin des temps (Seuil, 1992; Points, 2001), La Ballade de l'impossible (Seuil, 1994; Points, 2003; Belfond 2007), Danse, Danse, Danse (Seuil, 1995; Points, 2004) et L'Eléphant s'évapore (Seuil, 1998; Points, 2004). Exilé en Grèce en 1988, en Italie, puis aux États-Unis, où il écrit ses Chroniques de l'oiseau à ressort (Seuil, 2001 ; Points, 2004) et Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil (Belfond, 2002 ; 10/18, 2003), il rentre au Japon en 1995, écrit deux livres de non-fiction sur le séisme de Kobe et l'attentat de la secte Aum, un recueil de nouvelles, Après le tremblement de terre (10/18, 2002), Les Amants du Spoutnik (Belfond, 2003 ; 10/18, 2004), Kafka sur le rivage (Belfond, 2006; 10/18, 2007) et Le Passage de la nuit (Belfond, 2007).
Plusieurs fois favori pour le Nobel de littérature, Haruki Murakami a reçu récemment le prestigieux Yomiuri Literary Prize et le prix Kafka 2006.
Traduit du japonais par Corinne Atlan.
Extrait du livre :
L'oiseau à ressort et les femmes du mardi
Quand cette femme a téléphoné, j'étais debout dans la cuisine, en train de me faire cuire des spaghettis, et je sifflotais en même temps que la radio le prélude de La Pie voleuse de Rossini, musique on ne peut plus appropriée à la cuisson des pâtes.
J'ai d'abord été tenté d'ignorer la sonnerie du téléphone et de continuer à préparer tranquillement mes spaghettis. Ils étaient presque prêts, Claudio Abbado et l'orchestre symphonique de Londres étaient en plein crescendo. Réflexion faite, j'ai baissé le gaz et, mes grandes baguettes de cuisinier dans la main droite, je suis allé au salon et j'ai soulevé le combiné. On ne sait jamais, ça pouvait être un ami qui m'appelait pour me proposer un job.
- Accordez-moi dix minutes, m'a annoncé une voix de femme tout à trac.
- Pardon ? ai-je rétorqué sous le coup de la surprise. Qu'est-ce que vous avez dit, là ?
- J'ai dit : accordez-moi dix minutes, a répété la femme.
Je ne me souvenais pas d'avoir jamais entendu cette voix. J'ai une confiance quasi absolue en ma capacité à reconnaître les voix, je ne pouvais pas me tromper : cette femme m'était totalement inconnue. Elle avait une voix basse, douce et indéfinissable.
- Excusez-moi, mais à qui ai-je l'honneur ? ai-je demandé le plus poliment du monde.
- Ça ne vous regarde pas, tout ce que je veux c'est dix minutes de votre temps. Ça nous permettra de mieux nous comprendre l'un l'autre.
Elle avait un débit rapide et déterminé.
- Nous comprendre ?
- Émotionnellement parlant, a-t-elle répondu succinctement.
J'ai passé la tête par la porte que j'avais laissée ouverte, pour jeter un coup d'oeil dans la cuisine. Une vapeur blanche de bon aloi s'élevait de la casserole, et Abbado conduisait toujours La Pie voleuse de main de maître.
- Écoutez, excusez-moi, mais je suis en train de faire cuire des spaghettis, ils sont presque prêts, et si je parle dix minutes avec vous ils seront fichus. Est-ce que je peux raccrocher maintenant ?
- Des spaghettis ? s'est exclamée la femme d'un ton stupéfait. Mais il est dix heures du matin ! Pourquoi faites-vous des spaghettis à dix heures et demie du matin ? C'est un peu bizarre, non ?
- Bizarre ou pas, ça ne vous regarde pas. J'ai pratiquement sauté le petit déjeuner et maintenant j'ai faim. Donc je me fais cuire ces spaghettis dans l'intention de les manger. J'ai le droit de manger ce que je veux à l'heure que je veux, non ?