par Syfer » 27 Mai 2012, 00:43
Mohiro Kitoh, ce nom vous dit-il quelque chose ? Non ? Et si je vous parle de Bokurano ? Ah oui, déjà je sens que ça vous parle beaucoup plus. ET oui, Narutaru a été imaginé par le même auteur, je vous laisse donc imaginer ce qu’il va ressortir de cette œuvre.
Si vous ne connaissez pas cette première œuvre de Kitoh, c’est en réalité parfaitement normale. En effet, une immense polémique a sévie lors de la parution du 1er manga en 2000. Il faut savoir que malgré les dessins enfantins du titre, il y a en son sein une ambiance inquiétante, laissent vite place à des scènes d'horreur pure, véritable cœur de l'intrigue de cette série. Cet aspect pour le moins mature, provoqua un tôlé à l’égard de l’éditeur qui l’avait publié sans aucun avertissement sur son contenu. De ce fait, il aura fallu attendre 2009 pour que le manga soit de nouveau publié. Il comprend 13 tomes, dont le 12eme est sortie en avril 2012.
Parlons maintenant un peu plus de l’animé. Comme je le disais Narutaru est une œuvre extrêmement mature, et l’animé ne va pas y couper. En effet la série est d’une violence vraiment rare pour le début des années 2000, sur un plan physique certes, mais aussi et surtout, sur le plan psychologique. D’ailleurs, je ne saurais que trop vous recommander de bien savoir dans quoi vous vous embarquez, car même moi, j’ai été très surpris et certaines âmes sensibles pourrait être choquées, voir dans le pire des cas, traumatisées. Si le 1er épisode de la série (comme l’opening d’ailleurs) à l’aire tout innocent et que l’on a en réalité la forte impression que l’on va vivre une histoire assez enfantine entremêlée d’une dose de fantastique, je vous garantis que dès le 2eme épisode, le ton va être diamétralement opposé. Nous allons ainsi suivre Shina, une collégienne qui, alors qu’elle retourne vivre auprès de sa famille, va trouver une nuit, au bord de la plage, une étoile de mer assez spéciale, qui se révèle être en vérité un dragon. Ensemble, ils vont évoluer dans la vie de tous les jours.
Si le pitch de départ est comme je le disais, assez innocent, c’est pour mieux nous faire plonger dans un univers extrêmement mal sain, dérangeant et torturé. En effet, énormément de violences crues et gratuites vont rapidement faire leur apparition, dont le côté mal sain est renforcé par le parti pris de l’auteur. Certes on va assister à la mise en scène de torture et autres scènes vraiment ignobles, mais le pire, c’est que cela concerne des enfants. Soyons sérieux 2 minutes, ce que vous allez voir n’a rien d’amusant ou de jouissif. C’est purement sadique et choquant. Pour bien faire comprendre les choses, je vais faire un spoil qui résume l’ensemble : il y a un viol qui se passe entre des enfants.
Attention, je ne juge pas le parti pris car ici, la mise en scène est vraiment parfaite. Kitoh a fait un travail remarquable car tous les passages que nous verrons, nous suggéreront toujours la scène, sans jamais vraiment nous la montrer. Et c’est là, le gros point fort de l’animé, faire travailler notre imagination et cela, même si on tente de l’y en empêcher. Le faux semblant « gamin » donne un très bon relief et surtout, beaucoup de poids dans l’intensité de ce que nous ressentons, car il côtoie en permanence un univers très mature et malsain, sans jamais déraper dans la débauche d’horreur. Un très bon équilibrage à ce niveau.
On regrettera en revanche, un manque de travail sur les protagonistes car si ils disposent d’un psychologie très intéressante, elle ne reste que montrée en surface. On peut ainsi s’interroger sur le but de cette violence très prononcée (voir trop prononcée pour certains). La faute encore à ce format en 13 épisodes qui ruine un peu l’œuvre. Pire encore, ce format nous laisse avec trop de questions en suspens. En effet, Narutaru se finit en queue de poisson. On a la très douloureuse impression que l’univers n’est qu’une ébauche d’un projet beaucoup plus ambitieux, ce qui est vraiment dommage. En fait, l’ensemble de l’intrigue est très mal abordée car, si les éléments sont très intéressant, ils sont absolument sous exploités. On a surtout l’impression d’une œuvre basé que sur de la violence pure et rien d’autre, alors que clairement, il y avait quelque chose derrière.
En outre, côté graphisme, 2003 oblige, l’animation est assez rigide mais les scènes de combats et de violences sont particulièrement fluides. On appréciera un chara design recherché et des décors vraiment très beaux.
Au niveau de la bande son, mis à part les génériques un peu trop gamin pour moi, l’ost est juste un régale. Pas de thèmes marquant, mais des musiques d’ambiances savamment dosées pour nous foutre une pression savoureuse. Vraiment, l’ost crée à elle seule l’ambiance de cette univers très oppressant et dérangeant.
Pour le scénario, honnêtement, je l’ai senti grand, très grand même, mais surtout, trop peu mis en avant. L’univers est très intéressant, l’ambiance est là, le stress est puissant. Problème, le sujet n’est qu’abordé en surface et on se trouve en présence d’une œuvre plus trash qu’ambitieuse. C’est vraiment dommage, car une fois de plus, il y avait matière à faire un animé cultissime.
En mon fort intérieur, je pense que Narutaru était l’ébauche de ce qui donna naissance 5 ans plus tard, au sublime Bokurano. Elle est une œuvre très osée, très personnelle qu’il faut abordé avec toute la diligence nécessaire.