Bon, il est tard, et je devrais pas pousser pour boucler les derniers épisodes d'une série à cette heure. Mais bon, quand il reste 4 ou 5 épisodes d'une série de 99, on a envie de connaitre la fin. Voilà, j'ai fini, et je vais commencer à étaler la confiture. Vous êtes prévenus, ca va coller...
Avant de commencer, quelques spéciales dédicaces (une fois n'est pas coutume). D'abord à Mangakam, puisque j'aurais juste jamais vu cette série si je n'avais pas tiqué sur la liste des uploads sur la page d'accueil de AU, et ensuite, à l'OP, GanG, dont le post a eu la bonne idée de me convaincre de me lancer. Gégé les gars, parce que ca faisait un bail que j'avais pas vu une série qui avait autant su m'accrocher au fauteuil.
Si je devais résumer "Uchuu Kyoudai" en quelques mots, je dirais... "Solide" ou "à l'épreuve des balles". Ce que je veux dire, évidemment, c'est pas que la boite du DVD est en kevlar (oO), mais bien que l'écriture ellenvoidupaté. La cohérence est absolue, les personnages exemplaires, l'univers comme l'histoire fouillés et totalement crédibles, les nombreux détails dans tous les domaines savamment distillés, l'ensemble franchement trippant. Le dossier de l'écriture va d'ailleurs être le plus important que je vais essayer de détailler. Et pour cause, c'est ce qui fait la force de la série. Mais en même temps, je vais me débarrasser d'emblée du principal défaut de l'anime... Il n'y a pas de fin. Sisi, 99 épisodes, et pas de fin. La raison semble être que la série adapte un manga encore en cours de parution. Mais pour ceux qui auraient lu jusque là et se diraient "houla pitain, encore un truc qui finit en eau de boudin", je préviens de suite: Ce n'est pas une bonne raison pour passer votre chemin! (reste là enfoiré!
)
Pourquoi c'est pas une raison pour passer son chemin? Eh bien tout simplement parce que s'il est vrai que la série avance plutot lentement, elle n'est pourtant jamais chiante, ce qui est décrit est toujours interessant, utile et pertinent, et la situation évolue suffisamment pour qu'on ne ressente pas de frustration particulière. D'une manière générale, à l'épisode 99, on a compris, en gros, ce que tient à raconter "Uchuu Kyoudai". Ce qui nous intéressera, ce sont les péripéties rencontrées en chemin. Il n'y a pas plein de twists scénaristiques à moitié crédibles. Toute l'histoire se tient parfaitement, mais il y a malgré tout pas mal de choses qu'on a du mal à prévoir. Je me suis sempiternellement demandé comment la suite allait se passer. Si dans les grandes lignes, c'est prévisible, on ne sait jamais comment l'histoire va tracer son chemin. On peut echaffauder plusieurs théories pour un moment donné. Peut être qu'on aura juste, mais dans l'ensemble ce sera un coup de bol, comme à la loterie. C'est peut être ce talent de réinventer et de soigner des détails capables d'épaissir ambiance, personnages, et histoire, qui rend cette série si passionnante malgré son rythme relativement lent.
On pourra dire que l'abus de flashbacks dans la japanimation fait le même effet qu'un double litre de vodka (ca saoule quoi). "Uchuu kyoudai" est le genre d'anime qui en utilise ENORMEMENT. Je déteste les flashbacks. Vraiment. Mais bizarrement, dans cette série, je me suis quasi jamais dit "bord d'ailes... Encore un ****ing flashback de samère la *******" comme je le fais régulièrement quand je suis confronté à cette plaie de la japanimation. Non vraiment, je trouve qu'en général ce recours est juste chiant, sert à faire du bouche trou, coupe l'action, et parle de personnages complètement cons dont on se fout totalement. Et dans cette phrase, se trouvent les raisons pour lesquelles ce n'est pas un défaut de "Uchuu kyoudai". Ici, ces flashbacks nous permettent progressivement de comprendre certains enjeux clefs se situant dans le passé peu à peu dévoilé de certains personnages, qui cette fois sont intéressants. Ils interviennent généralement dans des moments qui ne coupent pas l'action, et apportent toujours un quelque chose à l'intensité de la scène qu'ils interrompent. Et ça, c'est exemplaire de la qualité d'écriture de la série.
Bien sûr, on a ici un seinen, pas un shounen. Pourquoi cette classification? Bah, à mon avis, parce qu'il n'y a pas de supers pouvoirs, parce qu'on met l'accent sur la crédibilité, parce qu'on ne caricature pas les personnages pour les faire rentrer dans un sous-genre préformaté, et parce que le côté tranche de vie s'attarde avant tout sur la mise en scène de situations complexes auquel n'importe quel humain pourrait être confronté, plutôt que sur un humour, ou une action répétitifs servant à illustrer l'évident décalage de personnages hauts en couleurs. Finalement, la particularité dans cette anime qui tranche avec nos petites vies mornes, ça reste que la caméra, ici, elle est tournée haut vers le ciel.
Pas la peine de m'étendre des masses sur les nombreux personnages après tout ça. Chacun a son profil, qui n'est pas forcément juste "type". Les personnages ont des caractéristiques dominantes, mais ils sont nuancés (à part Lowry peut être?), ce qui contribue à leur brosser un caractère plutot que de les assujettir à un rôle (comme c'est le cas dans pas mal de shounen, où on trouve le coincé, l'obsédé (le pire), le débile, le bourrin, le tombeur, etc). La série raconte les rêves d'espace de 2 frères. Mais si je devais donner le premier rôle à l'un deux, ce serait à Mutta. Ce personnage, comme certains autres, est la version édulcorée/complexifiée d'un pendant shounen. Ici, ce serait le mec banal, pas sûr de lui, et timide. Mais comme dans "Uchuu kyoudai" on survole les stéréotypes du shounen, c'est pas vraiment un problème. Même si parfois, il m'a donné envie de dire "Bon ça va là... Va falloir arrêter d'être c**!", il ne m'a jamais suffisamment gonflé pour que ca fasse plus que m'effleurer. Reste que contrairement à son frère, il a quand même du mal à se débarrasser de son balai dans le derche "made in Japan"... Ca dénote un peu quand il est le seul personnage de l'épisode à ne pas agir "à l'européenne". On note d'ailleurs que les comportements des divers personnages sont (relativement) crédibles en fonction de leur nationalité. J'ai vu mieux ("BECK", référence absolue dans ce secteur, et pas mal d'autres en fait... regardez-le!), mais j'ai surtout vu pire (presque tout le reste de ce que j'ai vu).
Parlons vite fait de l'aspect graphique. Fidèle à son propos et à son écriture, on a ici un chara design qui se veut "naturel". Pas d'exagération graphique ici, comme les grands yeux, les coupes délires ou les traits de visages exagérément simples/fins. En conservant le style "manga", le trait se veut "réaliste", et l'image de la fiche donne un bon exemple de ce que je veux dire. C'est une règle uniforme dans l'anime, et je dois bien dire que j'ai kiffé le rasta jamaïcain
. De même, on reconnaitra au premier coup d'oeil un américain d'un japonais ou d'un indien, et pour une fois, les noms anglais ne sont pas complètement barrés/à l'ouest. L'ensemble du dessin (backgrounds, scènes, designs divers, compos,...) suivent le même genre de règle. Il y a pas mal d'efforts (d'ailleurs) mis sur les différences culturelles. Attardez vous sur des plans de Moscou (superbes), de Houston, de Floride, ou du Japon, vous verrez à quel point le boulot est superbement recherché et soigné. Impossible de ne pas comprendre où se déroule une scène donnée. Franchement, ce genre de soin apporte une dimension phénoménale à ce genre d'oeuvre, qui se base sur la crédibilité. Il y a de rares scènes dans la série (notamment à la fin) où les personnages en plan large sont baclés. Mais d'une manière générale, les plans larges sont soignés, et l'animation de trés haute volée (épisode 95 ou 96, quand vous verrez le nourisson saisir le doigt de son papa, pensez à ce que j'écris là). La 3D est également bien intégrée et certaines scènes lunaires sont à couper le souffle et invitent au voyage. Bref, artistiquement, c'est un quasi sans faute, techniquement, c'est de la trés bonne qualité. Encore un point fort de la série.
99 épisodes, c'est long. Et mon commentaire prend le même chemin. Il y aurait encore pas mal à dire, alors que j'ai déjà essayé de résumer. Je vais faire un dernier point sur la musique en guise de conclusion. On trouve je crois 8 OP et ED différents. La plupart sont vraiment sympas, notamment l'ED qui passe autour de l'épisode 60 (je crois), quand bien même c'est pas mon style de musique. Au niveau de l'OST, j'ai repéré un morceau de piano qui revient souvent. Comme d'hab, c'est le recours facile, mais efficace, qui donne un sacré quelque chose à la série. La musique soutient parfaitement l'image et fait un excellent boulot.
Finalement, on est pas loin du chef d'oeuvre. Mis à part les petits détails que j'ai listés plus haut, je vois mal ce qui pourrait être mieux fait dans cette série. Peut être que le comportement général de Mutta ferme certaines options scénaristiques, peut etre que le refus de l'auteur de jouer à l'excès sur la corde sensible le prive de l'Oscar qu'il n'aurait alors pas mérité (pour une raison ou une autre, aux Oscars, vous verrez plein de drames, rarement des comédies). Pour apprécier cette oeuvre, je pense qu'il faut savoir en savourer les subtilités. Car c'est une oeuvre avec un grand O, subtile, attachante, poignante, stressante, passionnante, comme seuls les grands animes peuvent l'être. Sans doute qu'il faut avoir une certaine maturité (seinen?). Mais je doute pas que même les plus jeunes sur AU pourraient trouver leur compte ici. Quoi qu'il en soit, je recommande fortement de ne pas passer à côté de ce "Uchuu Kyoudai".
9/10
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