par Nox » 26 Mai 2015, 21:15
Bon, je viens de finir un autre anime sur AU. Cet anime m'a fait réagir, pour le meilleur comme pour le pire. Ces derniers temps, c'est pas si souvent que ça que j'ai l'occas de gaver les gens avec mes spams, alors même si je suis moyen motivé, je vais tenter de coucher mes impressions.
Bon, les impressions générales d'abord... Cet anime dispose d'un vrai bon univers. On vit à Sakurasou, et on a pas envie d'en partir. Si bien que quand est arrivé le dernier épisode, ça m'a fait chier de devoir faire mes bagages. J'aurais voulu tapper l'incruste encore un peu. Et en même temps, malgré la brochette de personnages attachants, pas conventionnels, cette sensation de retourner chez soi qu'on a quand on lance un épisode, il y a eu un moment où la série m'a crispé. Au point où j'ai failli la dropper en cours de route. La faute au protagoniste, en fait.
Avec le recul, je me demande si je m'étais trompé sur la série ou si finalement elle s'est juste avérée mieux écrite que je l'avais imaginé à l'épisode 15. Toujours est il que si j'ai aimé les derniers épisodes, les 5 premiers m'ont inspiré un "whoa!" de circonstance, alors que les 12 suivants m'ont donné envie de faire comme en Corée du Nord: procéder à des exécutions sommaires au lance roquettes. Ok, c'est pas drôle, mais osef, j'ai toujours aimé me raconter des blagues (Je suis mon meilleur public, forcément).
Malgré certaines scènes clefs qui n'ont pas la force qu'elles méritent, la réalisation est dans l'ensemble assez efficace, et l'arrivée de Mashiro dans ce petit univers m'a probablement inspiré le même genre de chose qu'au protagoniste. Ce monde va être chamboulé, sera encore plus décalé, et en deviendra même drôle et attachant en même temps. Mashiro est probablement l'un des (si ce n'est le) personnage d'anime féminin que j'ai préféré parmi tous ceux que j'ai vus. Elle utilise les stéréotypes kuudere (personnage calme et visiblement froid, mais qui est agité par plein de choses à l'intérieur), mais son background et son chara de ouf ont su largement valoriser ce stéréotype à mes yeux. C'est un personnage qui apprend, évolue, au même titre que la plupart des personnages de la série. Ce point là est à mes yeux un énorme point fort de l'anime, qu'on retrouve trop rarement dans la japanimation. Mais concernant Mashiro, l'handicapée sociale, ce qui est fort, c'est qu'au final elle sera un vrai vecteur qui "montre", "exprime" et dénoue les situations. Le levier de son évolution sera le dortoir Sakurasou en général, et le protagoniste, Sorata, en particulier. Sorata n'est pas le gland débile qu'on aurait pu craindre. Mais vers le milieu de série, il a le talent assez incroyable, à chaque scène où il apparait, non seulement de faire de la merde, mais en plus de trouver le moyen de nous surprendre TELLEMENT il fait de la merde. Je veux dire, même en essayant d'imaginer le pire truc que j'aurais pu faire à sa place dans ces moments là, il a généralement trouvé le moyen de me surprendre en faisant encore pire. Chapeau mec. C'est la raison pour laquelle j'ai failli drop la série en me disant "Ok, ce truc mène nulle part, on a encore un héros complètement con qui comprend nada"
Pourtant, ce que je croyais être de la débilité profonde s'est avéré sur le tard être quelque chose d'un peu différent. Ca reste un stéréotype japonais coincé par son balai dans le cul (contrairement à la plupart des autres pensionnaires de Sakurasou), semblant penser que moins on verbalise ce qui doit l'être, mieux c'est. Mais en fait, il y a plus. Je ne pense pas que ce soit spoiler la série que de dire que la grosse question qui reviendra tout du long est "Comment peut-on vivre aux côtés de vrais génies sans se sentir continuellement frustré, rabaissé, et même, jaloux?" la question n'est pas si conne que ça, et j'ai espoir que regarder la série fera sentir efficacement ce que ca peut supposer. Et de cette question, à laquelle ni Sorata, ni Jin, ni les génies concernés (qui, très logiquement, ne comprennent même pas le souci) n'arriveront à répondre, découle la vraie source de toute la connerie humaine qu'on verra dans l'anime. Si Sorata vous insupporte à un moment, pensez que contrairement à ce qu'il semble, cette question ne le quitte jamais vraiment.
Si je parle pas mal de Mashiro et Sorata, c'est parce que leur relation est centrale dans la série. Mais ce serait injuste de limiter "Sakurou no pet na kanojo" à ca, puisque tous les personnages (oui, tous) ont une importance centrale ici. Individuellement, mais aussi en tant que membre de la "communauté" de Sakurasou. Ici ça parle de l'entité "Sakurasou vs le reste du monde" (puisque ce sont des parias, car atypiques) autant que des individus au sein de l'entité Sakurasou. Et tous sont importants, tous ont leur problématique, leur but, leurs interrogations qui s'imbriquent les unes dans les autres avec les autres personnages, et tous sont bien écrits et arrivent à accrocher. L'acceptation de soi, de ses limites, des autres, de la différence de gens qui sortent du cadre juste parce qu'ils sont ce qu'ils sont... Qu'on le veuille ou non, c'est un vrai sujet, y compris en France, où les gens adressent des regards en biais dès qu'on a le malheur de péter de travers (sisi, j'assume totalement ce que je dis). Le discours de Misaki épisode 23 illustre assez bien ça d'ailleurs, puisqu'on se rend compte qu'elle a été mise de côté toute sa vie juste parce qu'elle voit le monde sous un angle complètement différent de la masse bien pensante. Finalement, à Sakurasou, les élèves sont mis de côté et évoluent à leur façon, sans la tutelle d'un cadre académique visant à les formater. Ils y apprennent qui ils sont vraiment, ce qu'ils veulent vraiment, et même à penser et désirer par eux-mêmes (rofl, les connards d'activistes!)
L'amour est ici un thème prépondérant, mais qui se mêle à toutes sortes d'autres problématiques. J'en ai énoncé certaines. Ce côté sentimental renforce d'ailleurs tout le reste, si bien que l'anime se révèle être bien plus qu'un SoL. Mis à part les épisodes 7 et 8 qui semblent vouloir nous reservir coup sur coup le trip harem, puis été à la piscine (et le 6 qui en fait bien trop sur l'amitié), chaque épisode apporte quelque chose à l'ambiance, à l'univers, et aux personnages. A vrai dire, même ces épisodes ont leur utilité et leurs bons moments, et à chaque épisode qui passe, on "sent" d'avantage Sakurasou. C'est assez miraculeux je trouve. Chaque épisode apporte un élément qui déterminera sur le terme l'évolution des personnages. Même Nanami, miss cul pincé règlement-règlement deviendra plus que ça, mieux que ça.
Après, j'ai eu la flemme de compter le nombre de fois qu'on entend "gambare" dans cet anime (mais y en a une pétée légendaire). Est-ce que c'est pour éduquer les masses qu'on valorise à ce point le travail acharné? Ou au contraire pour faire sentir que ça ne fait pas tout? Ou alors c'est complètement arbitraire? Il n'empêche que ces lycéens semblent profiter de leur vie par le travail. Encore que Nanami semble suggérer que c'est pas le cas... En tout cas, c'est à l'opposé d'un "K-On!" ou jeunesse rime avec patisseries. C'est d'ailleurs pas le seul moment où j'ai pu ressentir un sacré décalage avec mon côté bien français. Au delà du trip "le travail 20H/jour est tout parce que c'est un moyen d'atteindre ses rêves", le côté hyper pudique (présent aussi dans la façon de s'exprimer et dans la relation à l'autre) constraste pas mal avec des personnages qui sont souvent en mode "no limit". Ils ne sont pas dans ce mode juste pour la comédie, mais aussi, comme je l'ai dit, pour servir une histoire plus sérieuse. Ils sont une illustration plus qu'un recours humoristique. J'avais rarement senti à ce point ce genre de constraste qui me fait me poser certaines questions sur la façon de voir les choses du japonais moyen. M'enfin, c'est un autre sujet.
Je vais pas pondre un pavé sur les graphismes, le son ou les voix. J'ai trouvé le tout de bonne qualité, et j'ai particulièrement apprécié le doublage de Misaki. Concernant la trad présente ici, je dirais que pour au moins 90% des lignes, c'est nickel. Mais il reste près de 10% de contre sens ou de mauvaises interprétations qui m'ont poussé à avoir une vosta lancée en parrallèle (je pense pas me tromper en disant que c'est celle qui a été utilisée pour la trad US/FR). Encore une fois, je critique pas la fansub, c'est même pas mon intention. Mais il arrive que ces contresens fassent passer à côté du vrai intérêt d'un dialogue. A titre d'exemple, et pour bien situer ce que je veux dire par là, on peut prendre celui-ci, extrait de l'épisode 14: "slipping right past each other" ne veut pas dire ici "on glisserait côte à côte" (qui dans le contexte suppose un rapprochement positif entre les 2 personnages) mais plus quelque chose comme "finir par se rater l'un l'autre" (qui suppose l'opposé). Pour ceux qui comme moi veulent vraiment saisir la finesse des dialogues et qui parlent pas jap, vous êtes avertis.
Au final, une série qui vaut cher pour ses personnages, son ambiance générale, son mix comédie/sentiments/sérieux, mais qui traine trop à mon goût à cause de l'indécision du protagoniste ou de l'excès de questions existentielles que se posent certains personnages (peut-être sur la place de l'homme et de la femme dans un couple). J'ai fini sur une bonne impression avec cette série. Le fait que le protagoniste ait quelque chose de banal au début était nécessaire pour que la série fonctionne. Mais j'aurai pourtant du mal à lui pardonner certains trucs sur le milieu de série. Un anime qui vaut le détour et que je recommande de visionner, surtout à ceux qui sauront être plus tolérants que moi envers Sorata.
8/10.