par Dôji Rinne » 25 Mars 2018, 12:05
D'un point de vue sociologique, Sakura Quest offre une et une seule chose, et c'est la confirmation que les Japonais modernes, noyautés par le Marxisme Culturel (a.k.a. Gauchisme) en particulier via les manga et animés, ont étés depuis Tezuka affectés en profondeur par la "Longue Marche à travers les institutions" tant et si bien qu'ils ne savent même plus ce qu'est une Monarchie ou ce que signifie la Royauté, comme d'ailleurs la plupart des modernistes (à noter cependant que les enseignants Japonais s'habillent encore de façon conformistes et formelles, alors qu'aux USA les profs ressemblent souvent à de la racaille, comme leurs élèves ; mais il y a cinquante ans, en France comme aux USA, même les prolétaires au chômage s'habillaient en costards (n'est-ce pas, Monsieur Macron?), donnons leur quelques décades pour rattraper leur retard).
Faut-il s'en étonner ? Avant la défaite du Japon et sa transformation en une "Terre Gaste" par les américains (qui bien sûr savaient parfaitement ce qu'ils faisaient, comme ils savent ce qu'ils font quand ils "apportent la démocratie" au moyen orient...), tous rapports d'étrangers avec les Japonais les décrivaient invariablement comme intrépides, voire comme admirables. Dans la Nature, la Royauté est typiquement tribale, c'est-à-dire que le Monarque est l'axe de la reproduction sexuelle de son groupe : les Japonais descendent à peu près tous de samouraïs, et donc d'anciennes lignées nobles, pourtant tout esprit patricien a été coupé Progressivement (à commencer par les politiques militaristes et anti-féodales d'Oda Nobunaga, poursuivies par les Tokugawa, accidentellement sans doute) et la lignée Impériale que les Japonais ont crût pendant plus de deux millénaires impérissables est maintenant à l'agonie, tandis que le taux de fécondité est en baisse et que la plupart des jeunes (depuis ladite défaite) gâchent leurs vies d'une façon ou d'une autre, que ça soit dan la figure de l'otaku-hikkikomori-NEET mal dans sa peau et descendant lentement aux enfers, ou bien dans la figure du bon salarié esclave corporatiste dont la petite vie de famille ne conduira qu'à un second round du même acabit (s'ils sont chanceux). Il n'y a que quelques groupes ruraux qui tiennent encore le coup de façon consistante, par exemple, dans la petite ville de Gujô Hachiman ou les gens en amont s'assurent de ne pas saloper l'eau qu'ils envoient en aval de sorte à ce que tout le monde puisse profiter d'une eau claire et propre, un exemple totalement ignoré des archi-pollueurs d'Asie, du Moyen-Orient et d'Afrique (et à peine émulé en Europe : ça ne passe pas par une "initiative populaire" ou plus exactement par une simple coutume locale, mais bel et bien par les "services publiques").
Cela n'a rien de bien surprenant et fait parti d'un processus assez long qui tire parti de l'ignorance des masses à l'égard de tout ce qui est interprétations anagogiques et ésotériques, que l'on constate aussi par exemple avec la subversion de la définition du mot "héros", par la mal-interprétation (volontaire) du sens premier et son extension vers une "généralisation abusive" mais qui passe comme parfaitement acceptable aux yeux du "public" : il n'y a plus ni parcours héroïque et intrépide d'initiation guerrière (souvent en douze étapes zodiacales, comme par exemple ceux de Hercule, Perceval et Luke Skywalker), seulement une histoire (avec un h minuscule) ; il n'y a plus de dimension épique, seulement du spectaculaire ; il n'y a plus de sublimation mythique, seulement des manipulations occultes louches. De même, ici, il n'y a non-pas un monarque (mono = un) élu par des forces divines Célestes et Solaires (ou, comme ce fût souvent le cas en Europe antique, Celtique et Germanique notamment, par épreuves et concours) et investi d'une mission cosmique ; mais cinq amuseuses publiques temporaires choisies par la foule, pour attirer des étrangers - version moderne du Marebito - et faire circuler l'argent déifié ("le client est un dieu" disent les Japonais modernes, tous bourgeois et boutiquiers, et bien sûr sans que l'on entende les athées se moquer de leur "obscurantisme", mais au contraire se féliciter des excellents "services" qu'ils procurent).
Un animé qui ne vaut la peine d'être regardé qu'avec cynisme ou nihilisme.
« Les prêtres égyptiens m’affirmaient qu’aucun dieu n’était apparu sous la forme humaine depuis 11 340 ans. Mais ils m’enseignaient que, durant cette période, à quatre reprises, le soleil s’était levé en un point du ciel différent. »
- Hérodote