par Syfer » 16 Juil 2013, 11:50
A chaque fois que je commence à visionner un animé issu des studios Shaft, j’ai toujours cette appréhension qui ne me quitte jamais : la peur de l’ennui. J’ai beaucoup de respect pour ce studio qui développe régulièrement des œuvres sortant vraiment des sentiers battus. Le problème, et il vient très certainement de moi, c’est que l’humour, quelque soit le produit de ce studio, n’arrive jamais à me faire éclater de rire. Sera-ce le cas avec Arakawa Under the Bridge ?
Sans détour, oui. Arakawa Under the Bridge m’a fait sourire mais ce n’est jamais allé au delà de ça. Attention, contrairement, à Dance in the vampire Bund, Sayonara Zetsubo Sensei ou Maria Holic, l’animé ne m’a pas du tout ennuyé et cela pour 1 seule raison : Les personnages.
Avec ce casting, on a vraiment des protagonistes particulièrement originaux, tellement grotesques et excentriques, qu’ils sont uniques en leur genre. Certains semblent vivre dans une espèce de bulle, dans leur monde bien à eux, se prenant pour un kappa (monstre mythique japonais), pour une vénusienne, pour un coiffeur samouraï. D’autres, plus au fait du monde qui les entour, vont être plus percutant, plus manipulateurs et vicieux, mais aussi, d’un charisme aussi inattendu qu’impressionnant. Bref, AUB dispose de personnalités sortant complètement des standards habituels et nous propose des caractères avec pas mal de relief et en marges de ce à quoi on est habitué de voir. On regrettera en revanche que leur background soit très peu développé car tout a été concentré sur Riku à ce niveau.
C’est également à ce niveau que l’animé fait mouche car il va s’appuyer sur un visuel à la fois complètement délirant, mais surtout très recherché et travaillé, évitant le piège du fan service facile. D’une part lorsque l’on voit Nino, la femme tombée de Vénus, on se rend compte du réel impact de sa beauté. Elle n’est pas du tout kawaï, ne porte pas d’habits affriolants et chacune de ses expressions ou actions sont d’un tue l’amour d’exception tant sa logique défie toutes les règles du bon sens. Et pourtant, sa simplicité aussi bien visuel qu’intellectuelle, la rendent tout bonnement splendide. Nino dispose d’une beauté qui se dévoile à chaque épisode à mesure qu’on apprend à la connaître en même temps que Riku.
D’autre part, certains personnages comme Sister, Maria ou Hoshi sont bluffant tant leur charisme est à la fois différent mais particulièrement bien imaginé. Sister est une sorte de prêcheur militaire en tenue de nonne, véritable commando d’élite, armoire à glace et accessoirement très beau gosse blond aux yeux bleus. Maria est une gentille fermière d’une beauté exceptionnelle…en apparence car c’est une sadique sans commune mesure (une vraie sadique et pas un tsundere à 2 yens), une tueuse implacable et une dominatrice au saut du lit. Elle a d’ailleurs beaucoup de ressemblance avec Yuno Gasai de Mirai Nikki. Et enfin il y a Hoshi, le rival de Riku aussi bien en amour que dans la vie de tous les jours, si pitoyable et jaloux qu’il en est super attachant et impressionnant.
Il faut aussi bien comprendre que l’effet de ce casting très TRES incroyable, est dû en grande partie aux doubleurs qui ont sut cerner la personnalité très étrange de tout ce petit monde. Je pense même sincèrement que chaque doubleur correspond à son interprétation et que si le doubleur aurait été différent, la qualité aurait été très inférieure. On trouve ainsi Tomokazu Sugita (Gintama, Kyon) pour Hoshi, Maaya Sakamoto pour Nino (Lightning dans FF13), Takehito Koyasu pour Sister (Blade dans Needless, Aokiji dans One Piece, Takasugi Shinsuke dans Gintama et un doubleur majeur dans l’industrie du hentai trash). Et enfin Miyuki Sawashiro pour Maria (Perrine dans Strick Witches et Shinku dans Rozen Maiden).
Ainsi, l’humour qui va découler de ces êtres qui ont leur propre logique, joue la carte de l’exubérance et de l’incompréhension la plus totale. Et c’est là, à la fois la force d’AUB mais également sa plus grosse faiblesse.
Une force, car très souvent les répliques et les gags sont inattendus et nous prennent au dépourvu. D’ailleurs, on se retrouve très facilement dans la peau de Riku car on est comme lui, plongé dans un monde complètement à part, qu’on ne comprend pas mais où l’on s’efforce de suivre le délire de cette communauté SDF (Riku car il est redevable à Nino et nous, parce que l’univers est intéressant).
Mais c’est là aussi le problème, car souvent l’absurde est tellement poussé qu’on regarde son écran sans réagir et on se dit « de quoi ? ». L’autre problème de l’aspect comique d’AUB c’est la redondance de certaines situations qui ont été réutilisées de manière abusive (le délire sur l’apparence du maire ou les interrogations de Riku qui tournent en rond par exemple).
L’autre aspect qui m’a laissé un peu froid, c’est le message véhiculé par l’œuvre : la tolérance. Parce que c’est un peu la morale qui découle de toute l’œuvre. Riku va devoir accepter toutes les excentricités de ce petit monde car il doit s’intégrer et vivre parmi eux, alors que ce dernier est issu de l’élite sociale. Le message est intéressant, mais il est complètement perdu dans un tas de questions et de rétrospections qu’on a du mal à suivre comment Riku a fini par accepter cette communauté et en est devenu un membre à part entière. Au final, pour quelqu’un qui a vécu dans le luxe, Riku s’adapte presque trop bien à sa nouvelle situation et donc, perd un peu notre sympathie et notre empathie.
Enfin, le dernier aspect et certainement le plus intéressant, est celui de la romance entre Riku et Nino. Une très belle romance qui se construit à la fois sur un schéma très classique (un garçon voulant conquérir une fille) mais par des moyens plaisants du fait de la psychologie de nos 2 tourtereaux. Nino étant une « vénusienne » ne connaît absolument rien aux relations amoureuses au point même où on se demande même si ça l’intéresse et pourquoi elle demande à Riku d’être son amoureux. Mais aussi Riku qui a fondé sa très grande expérience de la gente féminine en lisant des 10aine de Shojo (oui, il est puceau et n’a jamais embrassé personne).
Une romance au final, touchante car on voit la manière très drôle et particulièrement qu’ont chacun des 2 de faire montre de leur affection l’un pour l’autre. Il est a noté aussi que l’ensemble du casting semble être amoureux de quelqu’un ce qui montre différentes facette de ce sentiment (l’admiration, la dévotion, amour caché etc), même si c’est très rarement réciproque.
En résumé, côté graphisme, techniquement, AUB oscille entre la très bonne animation et le très moyen. De même que l’abus sur les gros plans de l’œil de Riku (il doit bien y avoir au moins 50 fois ce plan sur les 13 épisodes). En revanche, artistiquement, rien a dire c’est Shaft et il y a toujours cette patte singulièrement belle et étrange. De toute manière, de ce côté, Shaft a toujours été un studio que j’admirai.
Pour la Bande Son, l’OST n’a rien de transcendante et est bien trop en retrait pour en retenir ne serait-ce qu’un morceau. Mention spéciale pour l’OP dédié à Maria qui a vraiment la classe.
Concernant le scénario, il y en a un et chaque épisode est une suite directe du précédent. En fait, chaque épisode se compose de plusieurs parties à la manière de chapitres comme dans un manga. Une construction spéciale qui peut vous faire décrochez assez rapidement si vous n’êtes pas prit dans le délire de l’œuvre. L’histoire d’amour entre Riku et Nino est intéressante car sort réellement des clichés habituelles, mais malheureusement, elle reste très voir trop peu exploitée durant cette 1ere saison. Reste une mise en scène de qualité.
Au final, la série s’avère prenante et intéressante mais dont l’aspect humoristique peut plaire comme laisser complètement de marbre. Après, c’est du Shaft , il faut donc savoir dans quoi on met les pieds.