par Nox » 09 Jan 2014, 22:19
Faut croire qu'en ce moment je suis dans un cycle ou je mate de ces animes qui sont dans ma liste des "peut-être un jour". Aprés "Ride back", j'ai fini par passer le cap du "peut-être qu'un jour je me lancerai Rocket Girls". Alors que j'étais encore hésitant, la critique d'Ophy a été bienvenue puisque du coup, j'ai enfin lancé le premier épisode.
Bon, que dire maintenant que j'ai tout bouffé? "Merde" est le premier mot qui me vient à l'esprit. Bah wé, ca saoûle, j'en aurais bien bouffé encore quelques dizaines de tranche. La critique d'Ophy est tout à fait pertinente à mon avis. Ce qu'il dit est vrai, et je préciserai quelques autres trucs. Déjà, j'ai quand même le sentiment que le ton de l'anime varie lentement entre le premier et ce 12e et dernier épisode. Si le fait que Yukari soit propulsée astronaute un peu malgré elle tient surtout au côté taré et WTF de tous les personnages, la série évolue peu à peu pour nous raconter une vraie épopée spatiale, qui n'a pas été sans me rappeler l'un de mes films préféré... "Appollo 13", avec Gary Sinise, Ed Harris, Tom Hanks, Bill Paxton et Kevin Bacon. Clairement, j'aurais pas pensé avoir une telle référence à la fin de l'épisode 1... Mais gardons quand même à l'esprit qu'on est pas ici dans un thriller catastrophe spatial...
Dès le début, même sans trouver ca super mauvais, j'ai été irrité par l'hypocrisie de ce directeur de programme spatial opportuniste, et d'autres personnages sadiques ou égocentriques. Ca m'a pas fait rire, mais surtout je craignais pour la suite. Comment Yukari peut elle se laisser faire par ces tarés égocentriques? Ben cette question n'a finalement pas lieu d'être... et ça tient au scénario, à l'écriture des scènes et des dialogues, mais aussi aux personnages. J'ai vraiment craint que Yukari ne finisse trés vite par être le centre d'une nouvelle "comédie du martyre"... Le genre pas drôle ou le/la protagoniste est juste une victime qui fait à peine mine de se rebeller devant les assauts débiles et gratos et les demandes sadiques injustifiées d'une cohorte de gros cons plus chiants et lourds les uns que les autres ("Goshuushou-sama Ninomiya-kun", oui c'est à toi que je pense, p***** de gros anime de merde). Or, c'est pas du tout le cas. Yukari est un bon personnage: elle a son libre arbitre, des raisons de faire ou de ne pas faire les choses, et même de douter, et l'ensemble se tient pas mal. Et le mieux, c'est qu'elle évolue... Elle évolue dans sa conception de la vie, de l'avenir, d'envisager pas mal de choses, et même... au niveau de son caractère. D'une certaine marnière, elle s'affranchit de certaines de ses limites... Et y parviendra grâce à "celle qui ne paie pas de mine". Vous reconnaitrez sans doute de qui je parle.
Je disais que scénario et écriture avaient su éviter pas mal d'écueils. Et je parle ici de ce qui est à mon avis le point fort de "Rocket Girls"... à savoir la narration. Les choses n'arrivent pas par hasard ou sans qu'on puisse les comprendre: au delà de cette mise en bouche somme toute logique et bien pensée, mais un peu WTF, qui nous explique pourquoi il faut une lycéenne pour piloter une fusée, le délire se calme peu à peu, sans pour autant renier un humour bienvenu en plus d'être varié dans ses registres et ses mécaniques. Le scénario se pose bien, tout est clair, lisible et bien raconté, et on finit même par presque y croire. Si on n'échappe pas à un minimum de verbiage technique spatial sensé immerger le spectateur dans l'ambiance et rendre le tout crédible (et ça marche), on évite pourtant le spam sempiternel de trucs débiles qui n'ont aucun sens. Et ça, c'est quand même grandiose. On évite la complexité pseudo profonde complètement inutile (qui me gonfle vite) pour se reposer sur quelques trucs crédibles et éprouvés.
"Rocket Girls" est clairement centré sur son héroïne. Pas au point d'un "Ride Back", qui lui est extrême à ce niveau, mais on sent bien qu'il n'y aurait pas grand chose d'interessant à raconter sans Yukari. Le fait qu'elle soit attachante, et affublée d'un chara design simple mais trés réussi qui parvient si bien à parler d'elle est donc un vrai gros plus. Les autres personnages ont moins de charisme, sont légèrement plus en retrait à mon goût, et je trouve ça trés bien. Il n'en reste pas moins que certain(es) sont carrément classes. Le résultat, c'est que la distribution équilibre bien ses rôles, et que chaque personnage apporte son petit ingrédient à la saveur générale du plat. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il est savoureux... le plat. Un ton assez léger, mais pas godiche, une histoire qui se tient étonnamment bien et qui maintient sans problème notre intérêt, des personnages réussis, une animation et un dessin soigné, une OST pas mauvaise et un ED sympa, un OP que je n'ai zappé qu'à partir de l'épisode 10, mais qui aurait pourtant pu bénéficier d'une voix un peu plus douce pour la chanteuse, une réalisation soignée, des plans 3D plutôt corrects pour un truc aussi vieux (mais dont on aurait peut-être pu se passer il est vrai), des dialogues pris au sérieux, un travail de fansub de haute volée, une narration de haut niveau,... "Rocket Girls" collectionne les bons points.
Pourtant, ce genre d'histoire au registre léger, même si elle avait été superbement traitée, ne remportera probablement jamais un 10 de ma part ("Girls und Panzer" n'a eu que 9 aprés tout). Même si le personnage de Yukari est bien brossé, on ne trouve pas de 2e lecture dès qu'on l'a comprise (ce qui n'est pas un mal en soit, mais qui limite la portée de l'oeuvre), 2 ou 3 épisodes m'ont semblés moins travaillés, la fin est une fois de plus largement précipitée, il y a un peu trop de chats noirs dans l'espace pour nos miss, on trouve un léger cliché "à l'internationnale" qui, bien qu'il n'appauvrit pas la série ne la relève pas non plus, les plans larges et backgrounds entachent la qualité du chara design, trop de trucs passent trop souvent pour logiques et assumés façon "comme une lettre à la poste" chez pas mal de personnages, et certains faits semblent un peu trop "faciles" dans une oeuvre qui a bizarrement réussi à rendre son propos crédible. Eh oui, si "Rocket Girls" n'avait pas réussi à faire en sorte qu'on arrive presque à y croire, ces derniers aspects seraient passés crème. Pourtant, je préfère largement ce genre de traitement à du pur WTF sans le moindre sens où on essaie de nous vendre du n'importe quoi n'importe comment (des conneries insupportables comme "Sora no Otoshimono" par exemple). C'est sans doute aussi ce qui rend le tout si attachant. Il s'en dégage un truc assez fascinant donnant la patate. C'est plein de bonne humeur, amusant, touchant, ca mélange les ambiances, et ça n'a pas besoin de sombrer dans une hystérie de gags débiles, lourdingues et bruyants sans autre pause que celle qu'on déclenche soit même en explosant sa télé. Je recommande fortement.
8/10, sans regret.