Yoshi ! Gare aux mirettes, on est pas très loin de la thèse... x)
Avant de parler des Yôtô, je vais d'abord laisser quelque chose en commentaire sur Tamayori-hime que j'avais oubliée ! Et oui, le personnage principale, qui est en effet un personnage de la mythologie japonaise. Tamayori-hime est la soeur de Toyotama-hime, toutes deux filles de Owatatsumi (dieu de l'océan et des marées aux multiples aspects : dragon japonais, vieillard bienveillant, beau gosse, requin, serpent de mer géant...) qui est le fils aîné de Izanagi et Izanami, dieux de la Genèse Japonaise. D'ailleurs, Owatatsumi / Ryûjin est aussi présent dans la mythologie chinoise sous le nom de Longshen (en jap : se lit Ryûjin ou Ryôshin) et dans celle du Vietnam, où il est carrément associé à l'aieul de la première dynastie locale, les Rois Hung.
Dans le Kojiki, le descendant d'Amaterasu, Hoori (avec lequel elle est mariée) passe en mode goujat pile au mauvais moment, alors Tayotama-hime rentre chez son père et demande à Tamayori de servir de nourice. Elle accepte, et une fois l'enfant-dieu devenu adulte sous le nom de Ugayafukiaezu-no-Mikoto (c'est la version courte de son nom, si, si...) se marie avec lui, carrément la même combine de pervers que celle que nous ressortira des siècles et des siècles après le Prince Genji no kimi Hikaru (comme quoi, Onizuka et ses délires de lycéennes et collégiennes n'ont rien inventées) ! Tamayori et son époux auront quatre enfant, dont l'un d'eux sera un jour connu sous le nom de Jimmu-Tennô, fondateur de Yamato Ôchô, la dynastie des empereurs du Japon. C'est donc du lourd, du ponte... et pourtant elle s'incline tout le temps quand ça devrait être l'inverse (c'est beau l'innocence ! lol). Manifestement, Tamaki est la descendante plus ou moins directe de Tamayori-hime et lui succède dans le "rôle" religieux dont elle était investie (genre : eh salut Karoll je sais que t'es collégien en ce moment mais un jour tu seras Pape ! D'ailleurs on commence maintenant !
). Elle pourra donc bientôt vivre confortablement en recevant des yakuza en costards blancs et des politiciens japonais et leur faire la médium ou autre chose dans le même style... Tu parle d'un mauvais exemple pour les jeunes ! XD
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Les Yôtô sont un sujet relativement vaste. D'abord, je vais expliciter ce terme. En japonais, il s'écrit avec le premier kanji de Yôkai et avec le kanji "épée" qui peut se lire "ken" ou "tô", comme des niponken / nihontô (litt. "épée japonaise"), en fait Yôtô ne désigne pas exclusivement des katana, car un Yôtô peut être à peu près toute sorte de Nihontô (et voire même n'importe quelle sorte d'arme ancienne, par exemple, lors d'une bataille Tokugawa Ieyasu a été blessé par une lance forgée par Muramasa, dont on suppose qu'elle était un Yôtô... Dans "Kyo samurai deeper" cette même lance devient un Trésor des Tokugawa, mais la vraie lance historique a sans doute été fondue). Pour faire simple, on traduit souvent Yôtô par "lame maudite", mais c'est une traduction très vague. En fait, on pourrait aussi traduire par "lame démoniaque" ou "lame dégageant une aura perturbante". Dans le manga "Yakumo Tatsu" l'épée dont a hérité le personnage principal qui joue le rôle du Mr. Tout-le-Monde a une influence dérangeante et perturbatirce sur son entourage : le père du héros dis qu'il avait des frissons en présence de l'épée, par exemple.
On dit souvent que les katana ont une âme. En fait, tous les objets en ont une, selon la religion shinto, on les appellent "Tsugumokami" (les "kami des objets"). Les kami des objets sont la plupart du temps inconscient ou semi-conscient, mais certains évènnements peuvent les réveiller. Certains produits manufacturés naissent avec un kami conscient, on les considèrent alors comme des chefs d'oeuvres (ainsi beaucoup de trésors nationaux japonais). Certails s'éveillent aussi avec l'âge, quand ils ont étés choyées pendant un siècle (ce sont donc en général des objets solides et résistants ou facile à planquer et à abriter, présentant de rares occasions d'être abîmés, comme un Hisui-Magatama, un talisman en jade en forme de moitié du symbole Yin-Yang, par exemple), le tsugumokami se réveille avec l'aide d'un dieu qui est supposé se charger de ça (ce cas apparaît dans Love Hina, il me semble) mais ce ne sont pas des Yôtô... Les armes qui s'éveillent comme ça sont en général des Go-Shintô, des "épées divines révérées" conservées dans des sanctuaires shintoistes comme idôles et support d'incarnation du dieu auquel le sanctuaire est dédié (un peu comme une relique pour laquelle on construirait une église afin de la protéger et d'attirer des fidèles dans le Christianisme) mais les Yôtô sont très différends, bien qu'on puisse aussi les conservées dans des sanctuaires.
Le Yôtô est un concept très courant dans le folklore japonais, on en retrouve donc souvent dans les mangas et animés. C'est par ce que les Yôto fascinent par leur "présence" et leur puissance : un sabre est fait pour tuer, et les Yôtô le deviennent à peu près systématiquement en tuant, et pour ça il faut être efficace (logique, quoi). Grossièrement, on peut catégoriser les Yôtô en deux sortes : les tragédies et les "giri".
Les plus fréquentes sont celles issues d'évènnements dramatiques (pas forcément "tragiques" mais marquants), qui vont "choqués" la personnalité du tsukumokami. Celui-ci s'éveille et se met alors à adopter un comportement particulier et de manière très obtuse et butée, variant selon la nature de ce qui l'a éveillé. Dans le Japon Antique, la notion de
tsumi ne signifiait pas "pêché" ou "crime" comme on le traduit à l'époque moderne ("gendai") mais désignait plutôt une "mésaventure" doublée d'une "souillure rituelle" sur le destin, le karma ("rinne", en japonais) d'un être... Son sens se rapproche presque du "Drame" dans son sens originel antique, un "évènement". Quoiqu'il en soit, les Yôtô, et ceux-là en particulier, sont réputés pour causer la malchance... Les Drames qu'elles apportent sont alors en effet de mauvaise augure.
Souvent, il s'agit d'une mort malheureuse : typiquement un crime passionnel, lorsque quelqu'un tue une personne pour laquelle il a de forts sentiments en utilisant une lame de bonne qualité. Rien d'extraodinaire, et ces tragédies se perpétuent régulièrement lors des époques troublées ou tout le monde à une arme à portée de main. Mais parfois, cet évènement qui vient souiller le destin d'une lame, c'est tout simplement la personnalité du forgeron qui l'a fabriquée... Lorsque le forgeron fabrique un Nihontô mais avec des intentions néfastes, si la lame est également de grande qualité, alors elle risque de devenir "assoifée de sang" (il faut qu'elle soit assez bonne pour assumer son envie de meurtre, logique), il y a donc des Yôtô qui naissent comme ça : les plus célèbres sont les lames forgées par Muramasa, considérées au Japon comme ayant atteint le paroxysme technique (càd : être capable de tout découper, presque incassable et impliables). Mais évidemment, les Yôtô issues de tragédies sont très variées...
Je met en spoiler des exemples célèbres :
Ainsi, dans Gintama, l'auteur présente d'abord Benizakura (litt. "cerisier écarlate") comme un Yôtô de ce type, elle ressemble aux lames de Muramasa : invariablement elle est liée à des affaires de meurtres et tous ses propriétaires sont morts peu de temps après l'avoir obtenue. Autre exemple, dans Gintama aussi : le katana qui donne naissance à nôtre ami Tosshi serait devenu un Yôtô par ce qu'une mère l'aurait utilisée pour tuer son Otaku de fils, tellement elle était désespérée !
Dans un autre manga, le célèbre Jigoku Shôjo, l'un des assistants de l'héroïne (pas la drogue
) Ichimokuren, est en fait un Tsugumokami. Il n'est pas spécifié comme étant un Yôtô, mais à priori, il a tué beaucoup de monde et plus il en tuait, plus il était convoité par les samouraïs qui devenaient de plus en plus enthousiastes du katana rien qu'en l'ayant, et ça suffit amplement pour qu'un nihontô devienne un Yôtô (les japonais se sont inspirés de ce principe pour créer la célèbre "Soul Edge" de la série de jeux-vidéos des Soul Edge / Soul Calibur), bien qu'il ait put être un simple "Meitô" (sabre excellent, fameux pour son excellente qualité et son parfait comportement en situation de coupe).
Dans le manga "Shigurui" - à l'origine un roman historique très bien réalisé - il y a un Yôtô particulièrement flippant : le katana "Nanacho Nenbutsu" (la "prière bouddhiste aux morts composée de sept vers") qui a le pouvoir de, lorsque la coupe est réalisée à la perfection, tuer quelqu'un mais de le laisser indemne pendant quelque seconde après que la lame ait traversée le corps, de sorte à ce que celui-ci puisse agir normalement ! En outre, Nanacho Nenbutsu est supposé attiré le malheur et la malchance sur son possesseur, c'est la convergeance entre réalité et surnaturel propre au fantastique : le mangaka laisse entendre que tous les évènnements tragiques du manga ont étés causés indirectement par cette lame maudite. J'avoue qu'en ce qui me concerne, c'est ma Yôtô préférée.
Dans le manga "Durarara!" appaît la Yôtô potentiellement la plus grosbill dont j'ai jamais entendu parler : Yôtô Saïka (litt. "mélodie-tsumi") dont le pouvoir est de parasiter l'esprit des gens qu'elle a coupée, de parler à leur subconscient et de stimuler leur cerveau de sorte à influence leur comportement ! Et là, pas besoin de malchance, la seule possibilité d'une telle chose laisse présager beaucoup beaucoup d'ennuis, et surtout un déluge de folie sans bornes...
Mais il existe des lames bien plus sinistres dans l'Histoire... Une lame dont l'existence semble être historiquement avérée s'appellait Asamaru, c'était le tachi du samouraï Taira Kagekiyo, qui se faisait aussi appeller "Akushichibyôe" en guise de nom de guerre bien "bad guy". Après avoir survécu à la bataille de Dan no Ura, il aurait été exilé sur une île où il serait mort... Mais une autre version prétend qu'il aurait erré dans le Japon, conservant Asamaru cachée dans un fourreau rustique. Il ressortait de temps en temps la lame pour regarder le reflet de son visage défiguré par les blessures, la vieillesse et la haine. Kagekiyô qui était déjà très fort et avait tuer ou assassiner beaucoup de soldats Genji, transmis le sabre, et il passa de main en main à travers l'histoire, sa lame portant des traces de sang séché presque inaltérable. Elle aurait fait facilement des centaines de victimes à travers les siècles, comme si elle attirait la haine et le désespoir... C'est donc là encore un archétype parfait de Yôtô, à la fois fascinante et terrifiante pour les samouraïs et les fans.
Le deuxième type de Yôtô est en général considéré comme le plus puissant des deux genres (même si on a vu précédement à quel point les Yôtô des tragédies pouvaient être dangereuses). Ce sont des lames japonaises ayant tuées de puissantes créatures surnaturelles, généralement des yôkai, des oni ou parfois même des kami de la nature (mikogami) ! Pourquoi elles sont sensées être plus puissantes ? Eh bien tout simplement par ce que les créatures surnaturelles sont sensées être bien plus forte que les humains, mis à part quelques héros (typiquement, de puissants samouraïs, par exemple, Maeda Toshiie est réputé pour avoir défié un démon, seul et dans un couloir obscur, mais la créature maléfique aurait préféré fuir plutôt que d'affronter un guerrier célèbre munie d'un Tenka Goken !) et qu'il faut donc beaucoup d'habileté pour réussir un tel exploit... Mais aussi par ce que le sabre, au moment où il abat la créature, est sensée absorbée une partie de sa puissance. C'est ça, l'évènnement qui "choque" le tsukumokami. Les conditions de création se doivent donc d'être optimales : il faut un excellent sabreur, un excellent sabre (quoique pas encore éveillé), une coupe excellente et un ennemi terrible ! C'est pourquoi on les nomment en général d'après le nom de la créature auquel on ajoute le suffixe "giri" (se lit aussi "kiri", coupé, découpé, tué...).
Cette fois encore, je met quelques exemples en spoiler, que seront ravis (j'espère) de découvrir les fans d'animés, puisque les quelques sabres cités sous spoiler peuvent être vus dans certains manga et animés disponibles sur Anime-Ultime.
Un exemple typique de Yôtô est celui de Chidori, un sabre porté par Tachibana Dôsetsu, qui dans sa jeunesse l'utilisa lors d'un orage pour couper un éclair ! Il aurait dut en mourrir, mais Dôsetsu y aurait non-seulement survécu, mais il en serait ressorti à peu près indemne : Dôsetsu tua le kami de l'éclair et Chidori vola ses pouvoirs. Le katana fût à la suite de cet exploit renommer "Raikiri" et accompagna Tachibana "Oni" Dôsetsu tout au long de sa très sanglante carrière, au cours de laquelle il reçut pas moins de 37 blessures malgré son rôle d'officier puis son titre de seigneur féodal et propriétaire d'un château. Raikiri fait une apparition dans le manga Naruto, où il inspire la technique favorite de Kakashi, ainsi que dans l'animé "11 Eyes" sous la forme d'un sabre difforme et électrique.
Mais le plus célèbre est incontestablement Dôji-giri, forgé par le célèbre Hoki Yasutsuna, qui fait partie d'un groupe de cinq sabres nommées "Ten'ka Goken" ("les cinq épées [célèbres] dans l'Empire Céleste") dont elle est la plus prestigieuse. Pour beaucoup de gens, Dojikiri est LE sabre japonais par excellent, la meilleure lame du Japon (et puisque les sabres japonais sont les meilleurs lames du monde...). En fait, c'est carrément à l'un des aieux de Hoki Yasutsuna, le maître-forgeron Amakuni Yasutsuna (ainsi qu'à son fils, Amakura Yasutsuna, qui l'assistait à la forge), que l'on attriibue l'invention du Tachi !
(petite précision : les forgerons étaient des artisans, ils n'avaient pas le droit de porter de noms de famille normalement, mais ils avaient le droit d'avoir un "prénom composé" en deux kanji comme en portent les nobles, et ils le transmettaient parfois à leur héritier, une autre pratique très répandue est de donner un prénom noble avec un "kanji" similaire ou populaire au sein d'une famille... par exemple, les Hojo aimaient beaucoup "Toki" et les Date, dont la lignée a survécue jusqu'à nos jours, utilisent souvent le "Mune", sans doute par référence à leur célèbre ancêtre Date Masamune... Un autre exemple, fictif cette fois, se retrouve dans le manga Gamaran, ou les seigneurs du fief de Unabara semblent faire une fixette sur le kanji "Nao" puisque Washizu senior et tous ses fils connu l'utilisent dans leur prénom !)
La légende de Dôjikiri est presque archétypale : Minamoto no Yorimitsu Raiko (l'un des premiers samouraï à se distinguer pour ses exploits militaires en étant quelque chose d'un peu plus que le larbin de la Cour Impériale) décapite Shuten Dôji, l'un des trois plus puissants Yôkai du Japon, qui commettait d'innombrables actes de grand banditisme genre kidnappage de princesses... Et il tua cet énorme démon au corps musculeux et aux os épais d'un seul coup. Pour se rendre compte du surbillisme de l'exploit, il faut savoir que Dojikiri Yasutsuna est un Tachi (comme tous les Tenka Goken), l'ancêtre du katana, un sabre de cavalerie qui se manie à une main à cheval et dont l'usage des deux mains comme fantassin ne renforce que très peu la puissance de coupe. En outre, l'armure O-Yoroï (et le casque en particulier) était très encombrante, c'est ce que portaient les samouraïs de haut rang (Raiko était un seigneur) à cette époque gênaient le samouraï pour ses coups de taille. La coupe était même tellement violente que la tête de Shuten Dôji n'a pas tout de suite réalisée sa mort et qu'elle a essayée d'arracher celle de Raiko (qui a été sauvé par son casque... comme quoi) il a eut besoin de l'aide de ses vassaux pour l'à retirée. Eh ouais, Saint Georges en plus bourrin...
Pour donner un exemple qui parle plus aux lecteurs, c'est un peu comme si Chuck Norris avait réussi à intercepter une balle de colt45 avec ses dents... L'histoire est peut être du pipôt, mais la lame est bien réelle (les poings de Chuck aussi), et à une époque ou le travail de l'acier japonais était très loin de sa perfection actuelle, elle fait tout de même une impression énorme sur les experts modernes et anciens. Pour la culture manga : Dojigiri apparaît dans plusieurs manga / animés, parmi lesquels la seconde partie de "Hakuôki", entre les mains de l'antagoniste Oni principal où Dojikiri bloque les pouvoirs de régénération des Ransetsu, mais également dans "Tactics" entre les mains d'un descendant de Raiko qui porte le même nom et fait le même job, ainsi que dans "Omamori Himari" en tant qu'arme de prédilection de l'héroïne. Dôjigiri apparaît aussi parfois sous des aspects difformes : dans "11 Eyes" en tant que sabre maudit et difforme mais très puissant, et dans "Hitogatana" c'est une puissante machine de combat. Il faut aussi savoir que Dôjikiri a survécu à l'Histoire et son flôt impétueux, on peut l'admirer au musée national de Tokyo, contrairement à d'autres qui n'ont pas eut cette chance, comme le Katana Ancestral des Shôgun Tokugawa, le chef d'oeuvre Honjo Masamune, perdue par la faute des ricains et des politiciens ripoux ou encore l'exemplaire original de Ame no Murakumo no Tsurugi (que les japonais appellent aussi Kusanagi, coupeuse d'herbe ou encore Seiken épée sainte), perdu lors de la bataille navale de Dan no Ura, lorsque le Fils du Ciel se suicida par noyade avec nombre d'aristocrates et de samouraïs Taira de haut rang.
Si j'ai parler de Dôjikiri Yasutsuna, c'est aussi pour aborder Onikirimaru, qui intéresse plus particulièrement les fans de cet animé. Son nom se compose des kanji Oni (démon), Kiri / Giri (couper, trancher) et Maru ("rond" ou "boule" un kanji très bizarre utilisé dans certains noms d'enfants ou d'objets, en particulier des sabres et des bateaux... par exemple, Umewakamaru, le nom d'enfant d'un shatei-kashira du Nura-gumi). Onikirimaru a peu de traces historiques, il semble être un sabre fictif créer pour les besoins de l'intrigue, et plus ou moins reprisés avec des bribes historiques / mythologiques anciennes. Deux sabres portent un nom semblable : "Onikiri" (coupeur de Démon Oni/Ogre) et "Onimaru" ("Petit Démon/Ogre").
A propos de Onimaru, il est signé Awataguchi Kunitsuna, c'est aussi un Tenka Goken... Onimaru Kunitsuna est également un Yôtô, bien qu'on ne lui a pas attribué le nom de Onikiri, il a servi a tué un démon ou un fantôme qui hantait le régent du Shogun, Hojo Tokiyori, dont le descendant, Hojo Tokimune, sera l'instigateur du sauvetage du Japon contre les armées mongoles de Kubilai Khan. L'exemple de Onimaru montre que des variantes existent dans les noms des Yôtô, l'introduction de "kiri" n'est pas obligatoire, c'est aussi une question esthétique. Ensuite, Onimaru Kunitsuna est passé de mains en mains par certains des hommes les plus puissants et illustres du Japon : Minamoto no Shiro Yoshisada (le conquérant épique de Kamakura), le shogun Ashikaga Takauji (à peine moins fourbe et cupide que Ieyasu), Oda Nobunaga (aka "Dai-Rokuten-Mahô"), le Régent Impérial de l'empereur adulte (Kampaku) Toyotomi Hideyoshi, les Shogun du Bakufu Tokugawa et enfin Meiji-Tennô, dont on considère le règne comme l'équivalent japonais à la fois de la Restauration et de l'époque des Lumières en France.
Quant à Onikiri, il est attribué par les spécialistes à Yasutsuna en personne, mais la signature aurait été changée en Kunitsuna. Watanabe no Tsuna (qui apparaît dans Otogizoshi) aurait eut une lame portant ce nom, après qu'il ait coupé le bras de Ibaraki Dôji, le principal lieutenant de Shuten Dôji, mais j'ignore s'il s'agit du même Tachi. Toutefois, le démon survécut à son combat avec Tsuna, et s'enfuit ; par la suite il réussit à récupérer le bras en se déguisant en un proche de Tsuna, mais il n'osa plus jamais se montrer après-coup. En général, les japonais préfèrent voire une lame rouillée plutôt que de causer du tort à sa signature, mais deux théories expliquent la modification du "mei" (nom, signature) de Onikiri. A l'époque Sengoku, Onikiri était entre les mains des seigneurs Mogami. La première version prétend qu'ils ont changées la signature par cupidité. Les oeuvres de Kunitsuna auraient étés à l'époque évaluées communément comme supérieures à celles de Yasutsuna, alors ils voulaient une lame dont le prestige et le prix égale celle de Onimaru Kunitsuna. L'autre théorie propose que Toyotomi Hideyoshi était en quête des sabres forgés par Masamune, puis par la lignée Yasutsuna après avoir obtenu le Dôji-giri, et qu'il rackettait carrément ses vassaux en sachant que l'étiquette et leur situation (politique et militaire) les empêchaient de refuser... Pour ne pas lui faire ce plaisir, ils auraient trafiqués le kanji "Yasu" en "Kuni" sur la soie du sabre. C'est vicieux, mais perso, je trouve cette théorie hautement probante.
Le Onikirimaru que l'on voit dans Hiiro no Kakera semble être un Tachi peu recourbé ou un Uchigatana (sabre de fantassin, ancêtre du katana et contemporain du Tachi) il s'agit peut être d'un amalgame entre Onimaru et Onikirimaru. Curieusement, il y a un sabre portant le même nom dans l'animé Otogizôshi et qui remplace Dôjikiri dans le rôle phare du katana grosbill (puisque Dôjikiri est le sabre de Minamoto no Raiko, et que celui-ci est remplacée par sa soeur, dans ce manga, qui elle est une archère à thème). J'ignore en revanche si le Onikirimaru de Otogizoshi est une lame existant historiquement, s'ils l'ont confondue avec le Onikiri qui fût ainsi nommé par Yorimitsu "après" que son féal ait mutilé Ibarakidôji (et non pas "avant") ou si le staff de l'animé a eut la flemme de pousser ses recherches historiques voire même si le staff lui a donné ce nom "avant" coupe pour donner une phrase d'accroche à Watanabe no Tsuna (ce qui est déjà en soit, une raison suffisante pour ses escrocs lol).
Enfin, pour le Onikirimaru de Hiiro no Kakera, il n'est pas impossible qu'il ait été au coeur de plusieurs voire nombreuses affaires causant la naissance de Yôtô, faisant de lui un Yôtô encore plus puissant qu'à l'accoutumée, via cumul de pouvoirs. Ca serait inhabituel, mais on en apprendra peut être plus vers la fin de cette série ou quand ils se décideront à faire apparaître Onikirimaru à l'écran. Dans l'épisode 8, on apprend qu'il a le pouvoir de tuer les kami (le terme utilisé par l'officiel est "kami" et non "kami-sama" ou "Okami", grande divinité, ce qui indique que Onikirimaru peut tuer les dieux en général, mais rien n'est vraiment sûr quant aux vrais Dieux, les balèzes qui font des miracles et dont les actes sont supposés avoir des répercussions à grande échelle, tels que le dieu des monothéismes modernes, Amaterasu Ôkami ou même Ryûjin). En général, l'exorcisme des dieux est considéré comme particulièrement dangereux et difficile, mais là on ne parle pas de les sceller, on parle de les
tuer.
Je complèterais peut être cet exposé - par édit - si j'apprend des choses pertinentes au cours de la série. Des questions ?