Ca faisait un bail que je n'avais pas posté de commentaire et, étrangement, j'ai dû me réinscrire... Bref, pas grave.
Quoi qu'il en soit, les saisons 1 et 2 de Boku wa tomodachi ga sukunai sont indissociables, étant donné que si on les regarde à la suite, on a l'impression de voir une seule et même saison, exception faite de quelques menus ajustements graphiques dans le chara design entre les deux saisons (la chevelure du protagoniste en est un exemple). Cet avis va donc prendre les deux saisons dans leur ensemble.
Difficile de savoir par où commencer tant il y a de choses à dire... La première chose qui me vient à l'esprit serait, étrangement, de redéfinir Boku wa tomodachi ga sukunai comme un pur anime psychologique... Car l'air de rien, chaque situation, comique ou sérieuse, découle des aspects psychologiques qui caractérisent les personnages. C'est justement ce qui rend l'humour de cet anime extraordinaire, car quand bien même les situations sont souvent tordues, on finit par comprendre à quel point elles sont finalement assez logiques... à tel point que les reactions des personnages en sont terriblement prévisibles... Se poser la vraie question de pourquoi Yozora déteste Sena donne notamment quelques clefs de comprehension bien utile. Car dans cette anime, les choses ne sont pas forcément ce qu'elles semblent être. Ce qui semble trés premier degré ne l'est pas forcément.
Mais cet aspect n'est pas un mauvais point, au contraire, cela prouve juste à quel point les personnages sont crédibles, fouillés, et fidèles à eux mêmes. Juste impressionnant. Ce qui suit risque de ressembler à un spoil concernant cette psychologie et le BG des personnages, je mets une balise, libre à vous de lire ou pas... Vous êtes prévenus.
Les 5 protagonistes principaux ont de vrais problèmes dans leur tête... Presque tous s'insrivent dans un phénomène de déni de quelque chose qui expliquera pourquoi ils se retrouvent dans un club pour essayer de se faire des amis...Pour résumer vite fait... Yukimura, qui tente désespérément de satisfaire les attentes d'un père déçu nie sa véritable identité; Yozora, agressée par tout ce qui l'entoure, tente désespérément de ressusciter cette unique époque où elle a eu un ami qui lui a promis la lune et qui l'a faite se sentir en sécurité. Quand bien même cela est impossible, elle court aprés cette chimère et maintien les autres à distance. Etrangement, elle identifie trés bien le problème, mais refuse de reconnaitre que ce comportement est à la fois sa solution et la source du problème; Sena, qui semble manquer de foi en elle, et qui se réfugie derrière son talent naturel pour essayer de donner le change, semblant ne pas même se rendre compte que cette seule attitude hautaine la plonge dans la solitude; Rika, qui a grandit trop vite, et qui essaie désespérément de retrouver contact avec elle même et son adolescence perdue, alors que son comportement de perverse semble n'être qu'une façade pour quelqu'un qui a perdu le mode d'emploi relationnel adolescent, et enfin, Kodaka, probablement le personnage le plus perturbé aprés Yozora, qui se plaint de faire peur, alors, que, finalement, cette situation l'arrange au plus haut point puisqu'elle lui évite d'affronter ce qui lui fait le plus peur... se rapprocher d'autrui. Il nie et rejette en bloc toute preuve d'affection à son encontre et revendique pourtant en chercher... En ce point, il ressemble terriblement à Yozora, bien qu'on ne soit pas sûrs des raisons de tout cela...
Aprés ce petit bilan, on se rend compte que même le comique a finalement quelque chose chose de sordide si on creuse... Bien que l'anime en lui même ne le soit pas. Il en dit le minimum pour ne rien plomber, et personnellement, je m'en suis presque voulu de me tapper de telles crises de rire alors que je savais trés bien que toutes ces situations comiques reposaient sur des souffrances réelles chez les personnages. (mention spéciale à la lecture du manga episode 5 et au black dragon saison 2, scenes que j'ai repassées plusieurs fois en me pétant quelques côtes au passage).
Car oui, l'humour dans Boku wa tomodachi ga sukunai c'est du haut vol. peu de stéréotypes dans les situations par rapport à bien d'autres animes, et des pesonnages stéréotypés qui ne le sont pas vraiment finalement, puisqu'ils ont tous un ''double fond". Beaucoup de langage et de situations crues, surprenant pour un truc japonnais qui, pour une fois, revendique d'aller (le plus souvent) au bout de son délire. Mais rassurez vous l'humour n'est pas basé uniquement là dessus.
Certains personnages sont détestables parfois. J'ai lu dans certains commentaires que certains détestaient par exemple Yozora et Sena... Je dois avouer que je les comprends. Pourtant l'auteur de cette anime est un pourri... On se jure de ne pas pardonner à Yozora les crasses qu'elle peut faire (j'en ai relevé une qui passe l'air de rien début saison 2 mais qui est, je trouve, super puante, en rapport avec le complexe de Yukimaru), et pourtant... Plus on en comprend sur la fragilité extrême de ce personnage et plus on est prêt à tout lui pardonner... Même chose pour Sena, qui contrairement à ce qu'elle voudrait admettre, est parfois sèche pour le plus grand bien de celle qu'elle aime détester. Aucun personnage ne se résume à ce qu'il montre. je me suis rarement autant attaché à des personnages d'anime... J'irai pas plus loin sur ce point pour limiter le spoil.
Si on devait définir la trame principale de cet anime, je dirais qu'il repose sur l'évolution des relations entre les membres du club, et sur l'évolution de leurs névroses. Ce qui fait que finalement, l'anime mélange pas mal les moments comiques avec des moments poignants, tous étant purement épiques. On regrettera juste qu'il n'y ait pas plus de verrous qui sautent au fil du temps. Pourtant les moments sérieux sont distillés de manière régulière, et, contrairement à nombre d'animes qui plantent une trame à l'episode 1, font du remplissage jusqu'au 11 et relancent la trame au 12, les choses se distillent progressivement au fil des deux saisons. Trés appréciable.
Aprés le fond, quelques mots sur la forme... Et là encore, force est de reconnaitre que c'est trés solide. Un chara design assez terrible (mention spéciale à la yozora saison 2 pour moi), une animation fouillée qui limite pas mal les plans sur des personnages statiques, une réalisation qui accorde le temps qu'il faut à chaque scène, et prend soin de fixer à l'ecran les personnages dont on attend le plus les réactions, de telle sorte qu'on a l'impression de ne rien rater, un dessin soigné, même du point de vue des personnages dans les plans larges (souvent baclés dans nombre d'animes), les moments clefs que l'on attend finissent toujours par arriver, et la plupart du temps, on est pas deçus... une musique qui sait se faire oublier et qui accompagne trés bien le tout... Et malgré tout, quelques surprises... la fin de l'épisode 11 est notamment particulièrement chargée, j'ai du me la repasser 4 fois tellement j'y croyais pas...
Bref, un anime qui regroupe a peu prés tout ce que l'on peut espérer dans un anime de ce genre. je regrette qu'il y ait si peu d'episodes finalement, et en même temps, c'est pas plus mal... Sinon mes heures de sommeil et ma vie sociale auraient été dramatiquement amputés... Parmi les 70 ou 80 animes que j'ai vu, celui là finit dans le top 3.
Vivement ce foutu épisode 12. Bien que je m'attende à une évolution de la situation, je crains pas mal la fin ouverte et l'absence de saison 3... Ce qui gacherait pas mal ce chef d'oeuvre.